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Haute Couture Hiver 2003/2004
Yohji Yamamoto
Anne Valérie Hash
Odile Gilbert
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Yohji Yamamoto
Belles de jour
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Dans la cour intérieure du lycée Carnot,
nous nous asseyons sur des chaises d’écoliers.Quelques accords
atoniques, prélude au charme suranné de Yohji Yamamoto,
emplissent la salle.
Baignée de lumière naturelle, la première silhouette
apparaît : pâle et frêle comme une geisha, moderne comme
un manga, elle est vêtue d’un jean sarrouel large et d’hyper
tongues compensées rayées noir et vert. Les jeans se succèdent
tantôt taille haute, taille ajustée, tantôt structurés
de larges bandes ou de ceintures intégrées qui coulent dans
des gros œillets acier. En haut, un voile blanc vient couvrir leur
buste, faisant apparaître par transparence leur peau couverte à
la craie de couleurs sorbets, mandarine, bleu curaçao, fraise et
coco. On a envie de se glisser dans ses silhouettes avec confort, avec
langueur.
Les influences se mêlent et nos belles défilent à
mi-chemin entre chic français d’après-guerre et envoûtante
modernité japonaise. Le vent s’engouffre dans leurs grands
chapeaux, qui sont comme des palmes au vent, de douces tentacules ou de
nobles visières. Une légère brise marine vient gonfler
leurs longues et amples robes noires.
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Leur peau colorée vient
s’intégrer aux bustiers en origami: un puzzle de formes géométriques
s’imbriquent pour habiller la poitrine, découvrir les épaules,
le ventre, creuser les décolletés. Yohji Yamamoto joue avec
pudeur sur la nudité ; ainsi les hanches et les chutes de reins
s’ajourent, dans un élégant mélange de sangles,
de fines bretelles, de franges.
Quand le soleil devient plus cru, les filles sont plus distinguées
encore : les revers se froncent et prennent leur envol dans le sillage
de leurs pas. Les chapeaux noirs fondent en de larges capes de plexiglas
chaires ou transparentes. On est transporté, on aimerait les suivre
vers ce ravage qui les attire.
Presse Laurence Delamare
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Anne Valérie Hash
Elévation
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On imagine des danseuses,
leurs membres un à un déployés avec une infinie précision,
leurs corps frêles, presque enfantins. Leurs petits pieds enserrés
dans des talons recouverts de chaussons de danse Repetto, elles frôlent
le sol.
Surpris, on découvre une nouvelle Anne Valérie
HASH, approchant l’état de grâce, suspendue à
un fil entre maîtrise du tailoring masculin et fragilité
toute féminine. Anne Valérie semble avoir grandi, comme
ça, sans prévenir. Elle affiche plus de féminité,
plus de douceur, de souplesse.
Comme un hommage à la perte d’un être cher, elle ajoute
davantage de souplesse, de générosité à son
discours sur le détournement du vêtement d’homme. Le
choix des matières et des couleurs s’en ressent avec ses
robes en tulle de soie rose de gris. Ses volumes sont plus épanouis,
ses effets plus nuageux, sans pour autant perdre de leur force. Les coupes
bords francs sont dures, les matières et coupes violentées
parfois, comme pour illustrer la déchirure, la sortie irrémédiable
de l’enfance, le difficile rapport à la féminité,
à la colère, à la famille.
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Dans le détail, ses
vêtements rivalisent toujours autant de savoir faire et d’ingéniosité.
On reste admiratif de cette collerette de Pierrot en tulle gris-blanc,
synchronisée avec la musique des Temps Modernes, de sa magistrale
robe-bustier couture mauve fanée avec ses éventails de tulle
de soie, de ses assemblages de cols et de vestes oversize qu’elle
détourne en col bénitiers et veste grand-soir. Tout est
minutie et « picoté à la main », comme elle
aime à le décrire elle-même.
Anne Valérie Hash est un vrai petit bout de femme,
et ses robes sont des catalyseurs du passé, à la fois jeunes
et vieillies. Elles sont le garant d’une volonté de transmettre,
de se souvenir ; sa collection tend à nous élever, à
nous ouvrir la voie du ciel, la voie des anges.
Anne Valérie Hash Haute couture, on t’aime!
Anne Valérie HASH @ Michèle Montagne
/ www.a-v-h.com |
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Odile GILBERT |
C’est sur une idée
de Karl Lagerfeld qu’Odile Gilbert décide de coucher sur
le papier ses moments forts dans la coiffure. Dès les premières
pages, ce livre est le témoin d’une rencontre entre deux
sensibilités : un trait d’union entre l’amour de la
coiffure et de la photo. Véritable hommage à la beauté,
cet ouvrage est façonné par la force de la photographie
qui fixe les images dans le temps, érige en canons les coiffures,
laisse une trace écrite, un témoignage du travail d’Odile
Gilbert.
Quand on lui demande quels sont ses photographes préférés
et pourquoi, elle nous confie: « Peter Lindgergh, Paolo Roversi,
Nick Knight, Karl Lagerfeld…car travailler avec eux est magique
: ils ont développé leur propre univers habillé d’une
lumière spécifique… et l’idée de ce livre
était de mettre en avant la beauté des images, de faire
passer la photographie avant tout !»
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A travers tous ces clichés, Odile Gilbert guette les signes
d’une manière de vivre, elle épie la spontanéité,
la curiosité, la fraîcheur d’un instant, la surprise.
Puis, elle s’en inspire pour créer des coiffures à
leur image, vives, lumineuses, colorées.
Au fil des pages on découvre aussi la vie de chacune de ses
créations. « Elles ont toutes vécues plusieurs vies
des shows (essence de la création) à la publicité
en passant par le rédactionnel ; elles sont devenues des classiques
! » On y reconnaît là la marque des grands talents
qui façonnent le regard, inventent des images pour le plaisir
des yeux.
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Le livre d’Odile
Gilbert est construit comme une symphonie, tout en crescendo : l’intensité,
la complexité de ses réalisations se renforcent au fil des
pages. On flirte avec l’image de la petite frange courte de Linda
Evangelista sublimée par le talent du photographe Peter Lindbergh,
avant de se laisser gagner par des coiffures camélias pour Chanel,
d’incroyables couleurs chez Galiano. Puis les pages s’envolent,
vers une pluie d’argile, de fils d’or, de plumes, de branchages,
de postiches…
Plus que le vêtement ou le maquillage, le cheveu reste pour elle
un challenge de tous les jours, une partie intrinsèque de soi qu’il
convient de valoriser. Cet ouvrage est un hommage à cet art peu
reconnu de la coiffure.
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En guise de remerciement,
Odile Gilbert a souhaité clôturer ce livre avec des photos
de ses voyages, des clichés backstage de ses assistants, des gens
qui l’accompagnent et forgent son univers. Car Odile Gilbert est
ainsi : inspirée, curieuse de tout, simple et généreuse.
Sa vision de la mode ?" Elle change tout le temps ! Elle ne réside
pas dans le passé ou le présent ; la mode c’est ce
que l’on va faire ! C’est une ouverture d’esprit, une
constante évolution, une énergie positive…" Merci
Odile Gilbert.
Odile Gilbert / livre en librairie en octobre 2003
/ Editions Staedler et 7L / 300 pages / 68 €.
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