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Printemps - Eté 2004

Project Lead : Sabine Morandini

 

Fashion Institute Arnhem

Spijkers & Spijkers


Undercover

Viktor & Rolf

Baccarat



par Fashion Institute Arnhem
 
 

Fashion Institute Arnhem : « The school of thought »

Passionnée par la mode ? Angelique Westerhof l’est depuis toujours. Après des études de sciences politiques à l’université d’Amsterdam, ce feu qui la consume l’amène à travailler pour la télévision nationale néerlandaise. « J’y ai créé le programme consacré à la mode internationale, » nous confie-t-elle. Après cela, les choses s’enchaînent : après un passage à la télé allemande, elle devient rédactrice de mode du magazine DUTCH .

Elle collabore ensuite avec Isabella Blow sur le Sunday Times avant de se lancer dans la création de CHIQ magazine. « C’est à la même époque qu’on a demandé à Pieter ’t Hoen alors illustrateur De Telegraaf et moi-même de fonder le Fashion Institute Arnhem. Pour la petite histoire, saviez-vous que l’on s’était auparavant adressé à Viktor & Rolf pour lancer ce cours ? Ils ont décidé de se consacrer plutôt à leur première collection couture et poursuivre leur carrière de créateurs. »

« En fait, nous avons conçu la philosophie, la politique à long terme et la structure du FIA dans nos chambres d’hôtel à Paris ou dans l’avion entre deux photos shoots! De notre pigeonnier, nous avons pu aisément voir les points défaillants en ce qui concerne la mode aux Pays-Bas: une absence de liens avec la scène internationale, aucune facilité d’encadrement pour les jeunes stylistes et de manière plus générale, un manque d’intérêt pour leur talent et leur croissance potentielle. »

L ‘école rencontre un tel succès de par sa différence majeure : sa mobilité, qui permet aux étudiants d’observer le monde de la mode. « Le Fashion Institute Arnhem est un institut mobile, qui se déplace là où se trouve la connaissance. Comme celle-ci n’existe pas encore dans notre pays , nous voyageons beaucoup : nous suivons le rythme de vie de la scène internationale, ce qui permet à nos étudiants d’étudier le système de l’intérieur. Nous sommes une école de réflexion, et nos étudiants se doivent de vivre les réalités de la mode, son champagne et ses larmes..»

Mais que sont devenus ces anciens potaches ? Des deux premières classes ayant été formées au FIA, nous n’avons qu ‘à citer toute une pléiade d’étoiles : Oscar Suleyman, Keupr/ van Bentm, Niels Klavers, Rozema Teunissen, G+N, Spijkers and Spijkers, Analik, Woijchiech Dziedzic … D’autres parcours à suivre sont ceux de personnalités comme Martine van ‘t Hul qui a habillé Björk, Esther Loonen, première assistante chez Isabel Marant, Percy Irausquin ou encore Francisco van Benthem.


Quant aux petits derniers, qui présenteront leur travail en janvier prochain lors des collections haute couture, Angelique est toute éloges à leur égard : « Des talents à observer de près ? Hamid Ed Dakhissi, gagnant du concours de Hyères, Monique van Heist, sélectionnée avec Hamid à “ It’s two “ cet été à Trieste… ou encore Faye Wilde, la nouvelle Jean Muir ou encore David van Cotthem, un esprit original façon Alexander Mc Queen… Que de promesses ! »

Richard Gilles









Fashion Institute Arnhem : « The school of thought »

A passion for fashion? Angelique Westerhof was born with it. After studying political sciences at the University of Amsterdam, driven by her burning passion Angelique starts working for the Dutch national TV network. “I actually started the first programme about international fashion” she confides. Then things get moving: after appearing on German TV, she becomes fashion editor of DUTCH. She then works in collaboration with Isabella Blow of the Sunday Times and goes on to launch CHIQ magazine. “At the same time, Pieter ’t Hoen illustrator at “de Telegraph “and myself were asked to start Fashion Institute Arnhem. Just for the record by the way, did you know Viktor & Rolf were first asked to start the course? They decided they’d rather focus on their first fashion collection and go on with their career as fashion designers”.

“In fact, Pieter and I worked on and developed the philosophy, long time policy and structure of FIA in our Paris hotel rooms or on the plane between two photo sessions! From where we stood, we could easily see the weak points of the Dutch world of fashion: no links with international fashion, complete lack of support for young designers and, as a whole, a lack of interest in their talent and growth potential. ”

The school’s different approach makes it a real success: its mobility allows students to fully observe the world of fashion. “Fashion Institute Arnhem is a mobile institute that goes where knowledge is. As we can’t find it in our country, we travel a lot: we live to the rhythm of international fashion, which allows our students to learn from inside the system. They can see for themselves the good and the bad sides. We are a thinking school and our students must face the realities of fashion, drink the champagne and shed the tears”.

But what became of the old school kids? Out of the first two groups trained at FIA, a lot of stars were born: Oscar Suleyman, Keupr/ van Bentm, Niels Klavers, Rozema Teunissen, G+N, Spijkers and Spijkers, Analik, Woijchiech Dziedzic….
Other strong personalities to watch are Martine van ’t Hul, who dressed Björk several times, Esther Loonen, first assistant at Isabel Marant’s, Percy Irausquin or Francisco van Benthem.

As for the last contingent who will present their work at the next January fashion shows, Angelique is all praise: “talents to watch closely? Hamid Ed Dakhissi, winner of the Hyères competition, Monique van Heist, selected alongside with Hamid at “It’s two“ in Trieste this summer… or still Faye Wilde, the new Jean Muir, or David van Cotthem, a free spirit Alexander Mc Queen style… So many promises!”

Translator Véronique Amathe

Spijkers & Spijkers

Truus et Riet Spijkers sont jumelles. Spijkers & Spijkers est à leur image, une symbiose de créations et de pensées décuplées. Brillamment repérées à leur sortie du College of the Arts in Arnhem, elles mettent en scène leurs collections à partir de leur propres égéries.
Muse des années 20, période phare de renouveau des arts et d’émancipation de la femme, Nancy Cunard était une figure excentrique de la vie parisienne qui côtoyait Man Ray, parait ses yeux d’épais traits de khôls, s’attiffait de précieux tissus exotiques qui trahissait son immense passion pour l’Afrique. Son style était de légende, tout simplement.

A l’image de cette aristocrate, leur collection mêle avec goût et géométrie des robes léopard soulignées de détails en satin et cuir, des imprimés africains traditionnels enchâssés sur des pans de tissu noir onyx, des lignes graphiques de l’entre deux guerres.
Une touche d’ultra féminité vient parfaire le tableau : des bandeaux enserrent la tête, de gros bracelets en bois précieux s’empilent le long des avant-bras, du khôl surligne l’amande des yeux et de sublimes colliers plastronne le buste.

De la noblesse, un style incontestable.

 


 

Spijkers & Spijkers

Truus and Riet Spijkers are twins and as identical twins they are of the same mind. Spijkers & Spijkers is moulded in their image of double creative intensity, of perfect synchrony of thought. Sought after when graduating from the College of the Arts in Arnhem, they started designing in reference to their own icons.

Muse from the 1920s, Nancy Cunard was an eccentric figure of the Parisian life. She knew Man Ray, bore heavy kohl on her eyes, was dolled up in expensive exotic fabrics that gave away her infinite passion for Africa. She had style, her manners were a legend.
Mixing and matching the primal African art influences with the elegance of the 1920s, the collection is filled with leopard dresses underlined with bright satin and smooth leather details.
The looks are daring yet sophisticated, traditional African prints are worked up in combination with black panels and graphic lines inserted as patterns. The ultra feminine complexion is enhanced by thickly kohled eyes, large headbands, arms girded with precious wooden bangles and chest magnified by impressive necklace pieces.

What a noble figure, what a sense of style.
Spijkers & Spijkers @ mode in press

Undercover

Assis au premier rang deux sosies japonais d'Elvis donnent le ton : banane proéminente, pose de crooner et lunettes platines. La salle est en elle-même un livre ouvert d'identité japonaise, un kaléidoscope néo-punk très réussi.

Sur les grondements d'une contrebasse, des voix déstructurées laissent place à une valse sirupeuse. Deux jumelles marchent synchrones. Le concept est fort, comme si d'un être on avait cloné un mutant mis à mal par des pensées noires. Le reflet d'une tenue impeccable dégouline, l'étriqué se détend, le près du corps se déforme. Et toujours des couples de jumelles. Lestées de petites boules de bagnards les longueurs s'étirent, les tenues se clochardisent et s'embellissent de traits d'usure. Deux jumelles à la Jean Sieberg, deux jumelles blondes permanentées, deux jumelles à la Jackson 5.

Les coupes mutent du convenu vers le créatif, la musique slurpe, le trop soigné s'éclipse au profit d'une vraie dégaine.

M.L.F

 

 

Undercover

Two Japanese clones of Elvis show off with their humongous quiff, crooner like attitude and silver shaded sunglasses. The whole room is full of fashion icons and edgy neo-punk Japanese looks.

The moaning of a double bass breaks in before computerised voices and a slimy waltz melody tune in. Two twins with a pudding-basin haircut march in perfectly synchronized. The concept is revealed with the strength of a bullet: one of the twins although perfectly alike has been trashified, as if a devastating muting force had put a spell on her. Therefore, a tidy silhouette echoes into an artistic mess, tight-fitted garments give way to looser shapes and draping. The creativity comes from deep in, from entangled flounces, grated fabrics, holes and creases to magnify a cloned chic bum. Even the hair has grown longer, but the twins' body shape remains so utterly similar that the image is striking.

The show ends as an army of clones in XXL "Join in and break free" white t-shirts stroll in their head tucked in huge albinos afro-American wigs. And for us to guess which twin goes with which one.

M.L.F

Press office : Laurent Suchel ------- Photos : Carrie Salomon

VIKTOR&ROLF par VIKTOR&ROLF, première décennie

Dix ans déjà … à l’entrée, sur le corps peint de Maggie Reiser on retrouve tous les codes de Viktor Horsting et Rolf Snoeren, deux emblèmes du monde de la mode plus connus sous le nom de Viktor & Rolf : une sceau de cire à leur effigie, des clochettes, des fleurs, un ballon menaçant comme une bombe atomique, le drapeau américain réinterprété, détourné.

Plus que des créateurs, Viktor & Rolf sont des agitateurs, qui scandent et mettent en abîme des idéaux de mode, sans jamais tomber dans aucun piège car au moment même où ils font ils se regardent faire. La mode est leur terrain de jeu : ils dissèquent les rouages du monde de la presse, pastichent la fabrication des auras, s’enflamment contre le clinquant, revendiquent leur droit à la grève. Viktor & Rolf font les choses en grand ; Viktor & Rolf règnent, grandioses.

Présentées à l’Union Centrale des Arts Décoratifs, leurs collections nous replongent dans des moments de mode magiques et ambivalents, un univers où l’on fabrique des icônes. Les noms des tops models prennent le pas sur le vêtement dans une collection tout en or qui parodie la richesse et la gloire. Une campagne pour un parfum qui ne se débouche pas nous renvoie à la puissance symbolique et abrutissante des empires de mode, un sac plastique invitation en édition limitée aux principes de rareté et d’exclusivité.
Signant des collections prophétiques à l’approche de l’an 2000 ou des collections à entendre à travers le brouillard soulignant ici que la rumeur est première à révéler le vêtement, Viktor & Rolf sont sur tous les fronts, de la couleur monochrome à l’accessoirisation dépassant et déjouant toute contrainte. « Nous pensons que la véritable originalité ne consiste pas à briser les règles, à chercher la nouveauté pour la nouveauté, mais à revendiquer des émotions personnelles indissociables de la mémoire collective».

M.L.F

VIKTOR&ROLF by VIKTOR&ROLF

Ten years… right at the entrance the painted body of Maggie Reiser sums up all the codes of Viktor Horsting and Rolf Snoeren’s fashion and success story. Viktor & Rolf, the sharpest emblems of the fashion world invite us into their world of symbols: a red waxed seal, minute belles, flowers in bloom, a protuberant balloon ready to explode, a restructured American inspired flag.

More than designers, Viktor & Rolf agitators who reinterpret fashion ideals without ever falling in their trap, because each time they create something they look down at themselves creating it. Fashion is their playground where they stage pastiche of fame and create symbolic counter powers opposed to the overwhelming role of the media. Their work is impact full, and they are the sovereigns of their own parodies.

Presented at the Union Centrale des Arts Décoratifs, a retrospective of their collections plunges us deep into magical and ambivalent memories of fashion moments. Golden icons of fame overrule the importance of the outfit, sealed perfumes play around with the process of building auras, and a limited edition plastic bag invitation raises the question of exclusivity.

“We think that true originality does not consist in breaking the rules, in seeking novelty for the sake of novelty, but in delving into personal emotions that are inseparable from the collective memory.” And they are right indeed.

Viktor & Rolf par Viktor & Rolf à l’Union Centrale des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli. Press Office@Karla Otto

Baccarat - Marie-Laure de Noailles assoupie

« Le sang d’un poète n’est que la descente en soi-même, une manière d’employer les mécanismes des rêves sans dormir »

Un ange de cristal passe….le rêve est là, palpable, paré de mille aiguillons de cristal. Au royaume de Marie-Laure de Noailles, le temps est suspendu, les miroirs sont dialogues et les lustres, ciselés à la perfection, autant de mises en abîme, de réflexions sur notre condition de somnambules. L’endroit est fou, majestueux, grandiose. Insolent de beauté.

A l’entrée, tels des cerbères, des vasques se font face et sur leur flanc, deux visages en résine animés par une projection vidéo dialoguent sur la féminité, le raffinement, l’ambivalence du cristal entre intensité minérale et luxe infini.

La magie des facettes de cristal se heurte à la matité des murs laissés bruts, la table princière de 14 mètres de long projette ses milles reflets au plafond. Les corolles s’épanouissent en appliques, les tiroirs s’encastrent par magie dans les murs dépolis, les chaises frisent la démesure, de cristal bien sûr.


Partout, Philippe Starck nous épie : un lustre suspendu tel un songe derrière un mur vitré nous invite à franchir la cloison, un autre tournoie avec féerie pour mieux nous faire chanceler, un tapis lumineux en fibre optique nous montre le passage…. Ce mystérieux corridor vers le monde des songes, vers l’insatiable sommeil de Jean Cocteau.

Le projet est mégalo et l’étage son apothéose : des vitrines musée, des murs peints par Garouste, un restaurant sublime de décadence, des alcôves roses-suaves et des lustres en cristal noir.

Décidément, la beauté n’est jamais raisonnable.

Baccarat chez Marie-Laure de Noailles / 11, place des Etats-Unis / 75 016 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 9h à 1h du matin

Baccarat - Marie-Laure de Noailles’ dream land

« A poet’s blood is an internal quest, a way of using dreams’ mechanism while staying awake”
Jean Cocteau

A crystal angel sweeps across the room….and the dream is alive, with its thousand crystal facets. In Marie-Laure de Noailles’ kingdom, time vanishes, mirrors reflect our own chimera and chandeliers chiselled to perfection are an idyllic way of escaping from our human condition. Welcome into this fairy world, a world of insolent beauty.

From everywhere Philippe Starck is looking down onto us through a floating lamp hidden behind a glass panel, a luminescent fibre optic lit carpet, and oscillating, whirling chandeliers. The magic crystal beads and curves balance even the mat unpolished walls, and the 14 meter long table reflects its aura onto the ceiling. All is there for us to step into the corridor, the mind’s leading way towards fantasy and sleepless nights.

Corolla cut wall lights, oversized crystal-sculpted chairs are a foreword to the atmosphere of the second floor, where the restaurant dazzles and will soon be the most sought after in Paris. Up a grand staircase, magic is staged outrageously, for the most stunning effect: walls painted by Garouste host creative designs, black crystal chandeliers are tucked away in cosy pink alcove and the refinement of crystal echoes deep into the roughness of walls.

One thing Baccarat is convinced of is that beauty lies beyond reason.


Baccarat chez Marie-Laure de Noailles / 11, place des Etats-Unis / 75 016 Paris
Open Tuesday to Sunday from 9 am to 1 am.