Barbara Sukowa
en Lola, sainte putain et chanteuse de beuglant dans l’Allemagne en
reconstruction, baignée de spots pastel Fifties. Rosel Zech en ex-star
de cinéma des années 30, élégante morphinomane
condamnée et damnée, dans le noir et blanc élégiaque
de Veronika Voss… Femme survivantes, tragiques et fortes inventées
par Fassbinder, que l’on pourra retrouver au gré des projections
programmées à Beaubourg et dans deux coffrets édités
par Carlotta Films.
Fassbinder aurait eu 60 ans cette année. Dire qu’il nous manque
serait peu dire. Voici l’occasion, rare, de le retrouver.
R.W. Fassbinder, un cinéaste
d’Allemagne, du 13 avril au 6 juin au Centre Georges Pompidou.
Rétrospective intégrale, exposition et sortie de deux coffrets
DVD.
Renseignements : www.centrepompidou.fr
News
Rétrospective Rainer Werner Fassbinder à Beaubourg du 13 avril au 6 juin par Denyse Beaulieu Parmi tout ce qu’aura été Rainer
Werner Fassbinder au cours de sa brève et prolifique carrière
de 1967 à sa mort en 1982 – chroniqueur en direct d’une
Allemagne frappée d’amnésie, bourreau amoureux et
charismatique d’une troupe proche de la Factory warholienne, portraitiste
hors pair d’héroïnes de mélodrame, cinéaste
des exclus, étrangers, travelos et saintes putains – on peut
désormais constater, à la faveur de cette rétrospective,
le prodigieux œil du styliste. Car Fassbinder le destroy, le scandaleux,
le surdoué, était aussi cela : l’un des créateurs
d’images les plus fascinantes et sophistiquées des années
70.
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Ingrid Caven en prostituée, avec son petit boléro blanc en peluche, dans L’Année des treize lunes. Margit Carstensen et Hanna Schygulla en lourdes robes scintillantes, articulées comme des élytres d’insecte, dans le huis clos féminin des Larmes amères de Petra von Kant.Et bien sûr, les héroïnes de l’éclatante « trilogie RFA», où Fassbinder réinvente les films qui manquent à l’histoire du cinéma allemand d’après-guerre. Hanna Schygulla, inoubliable Maria Braun, charnelle et indomptable, qui troque l’argenterie de famille pour une petite robe noire dans Berlin en ruines – le trafiquant de marché noir n’est autre que Fassbinder – et cette petite robe noire contre une réussite brillante – l’affiche, avec Maria en guêpière, chapeautée, tirant un bas, reste l’une des icônes de cinéma les plus achevées des années 70. Schygulla, toujours, en Lili Marleen opportuniste surfant sur le nazisme jusqu’à sa momification, poupée lourdement fardée relevant d’une tentative de suicide, dans une robe-sarcophage en lamé, chantant devant les dignitaires du Reich. |