C’est le plus grand photographe japonais vivant. Inspiré
par Bill Brandt, Edward Weston et Ansel Adams, portraitiste de l’écrivain
Yukio Mishima dont il a représenté « l’univers
narcissique et masochiste », Eikoh Hosoe rompt très vite
les tabous entourant la représentation du nu dans la tradition
picturale nipponne.
« La recherche visuelle sur le nu et sur son architecture m’a
toujours hanté, explique Eikoh Hosoe. Au-delà des simples
considérations esthétiques et graphiques, j’ai essayé
de poser la question de l’identité et du moi, en décrivant
la qualité sensuelle et tactile de la chair, en sondant simplement
une partie de corps. J’essaie de magnifier les corps nus et de
les faire communier en représentant des formes abstraites et
unisexes. »
« Ukiyo-E projections » nous entraîne sur la scène
à la fois érotique et torturé du butoh, cette «
danse du corps obscur » née de l’après-Hiroshima.
Sur les corps quasiment nus, entièrement peints en blanc des
danseurs, Eikoh Hosoe projette, tels des tatouages géants, les
« images du monde flottant » -- l’Ukiyo-e des estampes
japonaises du 18ème siècle, dédiées au plaisir
et à la beauté – lors d’une dernière
représentation à l’atelier Asbestos, lieu mythique
des avant-gardes tokyoïtes, promis à la démolition.
Cette exposition, qui marque le passage à la couleur du grand
maître, est sa première depuis sa rétrospective
au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1982. Un
contrepoint contemporain, sombre et élégiaque, à
l’exposition « Images du Monde Flottant » au Grand
Palais, dans l’une de galeries d’art photographique les
plus pointues de la scène parisienne.
D.B.
A la Galerie Acte2 jusqu’au 5 Novembre 2004
41, rue d'Artois 75008 Paris. T : 01 42 89 50 05.