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Fred Sathal au Palais de Tokyo (18-23 janvier 2005)

Par Mathilde Thunus / Photos Vincent Lappartient

La part de l'art dans la création de mode, nulle autre que Fred Sathal ne pouvait mieux l’orchestrer, à travers une performance sur la préparation finale de son défilé Haute Couture Eté 2005: casting des mannequins et essayages, création des maquillages et des coiffures, rencontre des créateurs sons et lumières, préparation de la cabine, mise en scène du show. Une semaine au Palais de Tokyo, site emblématique de création contemporaine à Paris, pour découvrir librement et de façon inédite l’envers du décor. A l’image de sa Collection « Yo Be Gitan –Vertige Botanique », cette expérience dépasse largement les frontières de la mode sur le mode itinérant du voyage, de la rencontre et du partage, entre spectateurs et acteurs d’un microcosme où le glamour n’a jamais eu de cesse de revenir, avatar de l’idée que pour rester magique tout doit être caché.

« J’ai décidé de tout montrer. Ma manière de travailler est très éloignée de la façon dont en général on pratique le travail de designer. C’est-à-dire que je n’ai pas de maison, je n’ai pas de boutique, je n’ai pas de staff, je fais pratiquement tout de façon personnelle, et finalement ce n’était pas un problème de montrer mon travail avant le défilé. (…) C’est sur le podium que j’ai envie que l’on voie toute la magie de mes collections, cette espèce de sensation que tout a été facile, que tout a fonctionné. Mais je trouve ça bien de montrer aussi que les choses ne se passent pas en un claquement de doigts et qu’il y a de l’attente, de la sueur, de la poussière, qu’il faut presque prier le ciel. Je trouve ça bien de désacraliser les choses pour donner la possibilité aux autres de se dire « si on n’a pas de maison on peut quand même œuvrer dans le sens de la création et trouver des solutions ». C’est vrai qu’on a toujours tendance à nous montrer les grandes maisons. Or elles ne se donneront jamais un tel challenge tout simplement parce qu’elles n’en n’ont pas le besoin. Cette idée de scène ouverte est venue de mon besoin d’avoir un hébergement et de l’espace. »

Une initiative spontanée de Fred Sathal, connue pour ses collaborations avec le théâtre et la danse, notamment dans le Roméo et Juliette d’Angelin Preljocaj, ainsi que pour son travail dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris et des installations et expositions avec des artistes tels que Takis et Bosbach.
Son travail de Haute Couture, reconnu depuis 2000 comme une véritable œuvre d’art, est maintenant dans les collections du musée de la Mode de Marseille, du musée Galliera à Paris et au sein du Fonds National d'Acquisition d'Art Contemporain.