Il fait déjà nuit. Même ponctuels, nous sommes plusieurs à attendre devant le rideau de fer baissé du garage Turenne. C’est sur, nous allons devoir encore patienter quelques instants dans ce froid glaçant car le défilé de Véronique Leroy ne commencera pas à l’heure, avec trente minutes de retard comme à l’accoutumée dans la mode. A en voir nos belles joues rosées, nous gelons sur place. Tant pis, le jeu en vaut la chandelle. Tôt ou tard on rentrera à l’intérieur, ça ne va pas durer.
Tiens ! Le rideau de fer remonte…
Peau diaphane, juchées sur d’élégants escarpins blancs et arborant toutes un petit chignon distingué, à leur vue, sur un son funky, l’image de Grace Kelly chez Hitchcock m’apparaît.
Sous l’impulsion des emmanchures aux épaulettes décalées, un sobre manteau en gabardine de laine bascule en arrière. Quand aux délicates robes et autres vestes maillées, elles se plissent sous le poids des ceintures et dévoilent une taille étranglée.
Le rythme s’accélère, elles marchent de plus en plus vite jusqu’à ce qu’une chaussure quitte le pied d’une des belles postée sous mes yeux. Plus personne ne bouge. Le temps qu’elle puisse retrouver, comme Cendrillon, sa pantoufle.
Un imprévu si rock’n’roll ! Chez Véronique Leroy, il ne pouvait pas mieux tomber.
Benoit Foucher
Photos Julien Mignot
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