Adeline André: Le biais

Toujours, cet appartement désuet au parquet de Versailles qui attire de plus en plus d’irréductibles journalistes intrigués par la persévérante Adeline  André effeuillant,  cette saison, son égérie, Charlotte Flossaut, pour revêtir huit autres femmes, de tous âges et de tous horizons.

– « C’est la même ! » lance un des photographes à la vue du deuxième mannequin qui se présente devant eux.

Rien n’est laissé au hasard, du carré de soie blanche à mettre sur le visage afin de ne pas tacher chaque pièce jusqu’à la splendide robe tryptique à double encolure, sublime construction tubulaire dont  l‘exercice, sans l’aide de fidèles assistantes, reste périlleux.

– « Curieux! » s’exclame un autre photographe derrière son objectif. C’est ainsi ! La femme se laisse habiller de volumes épurés, sans boutons ou autres, dans de la délicate georgette de soie, point d’orgue d’une silhouette moderne au capiteux parfum d’antan.

De la même trempe que Madeleine Vionnet, Adeline André réveille la couture, en biais.

Monsieur Bergé vous aviez raison. Le roi est mort. Vive la reine !

Benoit Foucher

Photos Julien Mignot

 

Haute Couture Printemps Eté 2010