Les dispositifs scéniques de Désirée Hess et Ines Klaag jouent toujours sur l’intégration de la tribu fashion à la présentation de la collection. Ce qui rend finalement assez difficile de fixer son attention sur les vêtements eux-mêmes – comme si là n’était pas la question, et que le détournement de la fonction du défilé faisait tout autant partie du geste de mode que la conception de nouveaux articles pour la saison…
La mode est donc dans le public qui circule, hilare, entre des mannequins tapant sur une dizaine de batteries.
Dans cette pulsation festive, ponctuée de coupures de courant régulières qui figent la foule dans le noir et le silence, on capte pour ces détails : des pulls à motifs pixellisés genre « la terre vue d’un satellite ». Des lunettes à lentilles rouges et vertes, comme celles que portaient dans les années 50 les spectateurs des films en 3-D, et que l’on peut rabattre pour projeter des flaques colorées sur les pommettes.
Bless brouille les genres sexuels – cette jambe chaussée d’un escarpin en cuir vernis rouge à talon aiguille vertigineux appartient à un quadragénaire grisonnant ; cette personne frêle aux cheveux courts pourrait être un très jeune homme… jusqu’à ce que l’on devine une jeune fille. Dans cet environnement saturé de son, tout revient en fait à une question de vision.
Denyse Beaulieu
Photos Gilles Danger www.gdanger.com
Presse Pressing