Une piste de tapis orientaux enlace le podium d’où le groupe jazz-gospel-cabaret d’Anvers Dez Mona domine la salle ; les vocalises stylisées, exacerbées du chanteur Grégory Frateur sont, à tout moment, en passe de noyer le récit que Véronique Branquinho déroule, sotto voce, dans le sillage de ses mannequins.
La designer, d’une main légère, déplace les motifs – le Prince de Galles d’un costume se retrouve sur un sous-pull — ; redouble le revers d’une veste violet d’encre d’un second revers de smoking, amovible, en satin et velours noir ; glisse un gilet par-dessus un costume ; bouscule les rayures tennis d’un pantalon anthracite d’un pull en jacquard marron et noir sur lequel s’enfile un gilet-doudoune en nylon imprimé fourrure.
La collection regorge de ces détails discrètement enjoués : le col officier d’une chemise prolongé en pan de cravate, un gant découpé pour ouvrir une fenêtre sur une montre, fausses superpositions amovibles.
La palette septentrionale, grise, violine, vert bouteille, fauve et chocolat, s’éclaire parfois d’un bleu assourdi de ciel voilé :
Branquinho ne hausse jamais le ton. Mais son murmure est parfaitement distinct.
Denyse Beaulieu
Photos Julien Mignot
Presse Kuki de Salvertes /Totem