Sous le haut plafond du couvent des Cordeliers, Ann Demeulemeester n’a pas lésiné sur le contraste des matières riches et la finition des détails. Bien au contraire, l’hiver s’enveloppe de gilets smoking, tricots en jersey, pulls en laine et flanelle parsemés de mailles aux couleurs brutes et satinées finement travaillés.
Une collection de longues chemises à jabot dentelle ou mousseline suit sagement le cortège des cols croisés et autres corsages volumineux. La créatrice flamande n’oublie pas d’y ajouter une touche féminine à la fois chic et sensuelle sur sa garde-robe.
Au final, un look résolument androgyne sur de sombres blazers cintrés et vestons coupés, de vestes trois-quart en queue de pie et nœuds coulants au dos.
Les ombres et les volumes déstructurés illuminent ainsi les silhouettes longilignes aux chapeaux éméchés de plumes rappelant à se méprendre, la chevelure exaltante des modèles. Une apparence de douceur parfois enfermée d’un lien de cuir dans une confusion impeccablement organisée sous le chapeau noir.
Mais quand la douceur rencontre la dureté, la tenue noire agrémentée de chaînettes argentées, se libère par le balancement tout en légèreté d’une plume blanche. Le calme semble revenu… La veste et le pantacourt d’une blancheur immaculée s’harmonisent enfin avec le noir, cher à la créatrice, du couvre-chef, du chemisier et des bottes en mouvement.
Quelques modèles masculins se confondent alors à la foule plongée dans la pénombre. Timidement, ils s’invitent à la ligne, flirtant le romantisme printanier au passage de ces demoiselles.
Leila Meguenay
Photos Diane Chaudouet
Presse Michele Montagne