Le Danois Henrik Vibskov mène simultanément ses carrières d’artiste et de designer ; la seconde emprunte forcément à la première – qui a son tour pique des éléments de vocabulaire à des stars de l’art contemporain comme la Japonaise Yayoi Kusama (le motif obsessionnel des pois) ou le Français Daniel Buren (les rayures).
Nettement inspirée des installations qu’il présente à la Mu Gallery d’Eindhoven, « The Changes Exhibition », la scénographie de sa collection masculine automne-hiver 2009-2010 déroule un podium à rayures noires et blanches sur fond de roues géantes, également rayées de noir et blanc. Les mannequins y grimpent après leur tour de piste, pour les faire tourner d’un pas lent, tels des hamsters conceptuels sous tranquillisants.
Front et nez grimés d’une large rayure noire se terminant en « anneau » nasal géant de cannibale stylisé, coiffés de chapeaux melon au fond démesurément étiré, les garçons de la collection Human Laundry Project pourraient être issus d’une micro-tribu d’éleveurs de rennes pas encore repérée par les ethnologues, fondée en Laponie par une bande de clowns échappés d’un cirque au siècle dernier, à laquelle se seraient joints quelques dadaïstes en rupture de Cabaret Voltaire.
Une collection drôle, maîtrisée, étrangement élégante jusque dans les détails les plus incongrus – boots emberlificotées de lacets reliés aux cols de chemises. L’une des plus jubilatoires de la saison.
Denyse Beaulieu
Photos Julien Mignot
Presse Agentur V