Le faune barbu d’Anvers orchestre un moment d’allégresse au Bataclan : ses traits d’esprit fluo tranchent sur la palette presque uniformément sombre – comme les humeurs — des collections masculines de l’hiver prochain.
Le motif tribal récurrent, un masque aux yeux en vrille dont le sourire dévoile parfois des dents affûtées de cannibale, se décline en jacquard ou en plastrons réalisés en tubes flexibles gainés de tissus aux couleurs vives. Ces mêmes boudins servent à esquisser la structure de divers couvre-chefs – casquette, chapeau de cowboy, chapka ou capeline ; ils surlignent la structure d’une veste, forment le devant d’un pull ouvert sur un teeshirt. Les cols des parkas et des blousons s’étirent en oreilles de lapin, sans doute pour capter les ondes de la planète Walter.
Parallèlement, le designer ouvre un portail sur son univers parallèle à la Galerie Polaris, où il expose une installation, 2357, année où l’on découvrira sa sépulture et ses reliques – chacune de ses collections étant représentée par un drapeau rebrodé de motifs graphiques, dont sa propre effigie en petit bonhomme barbu au sexe dressé. La marionnette qui le représente, bras en croix, est brodée d’un slogan : « Love Me, Hug Me, Kiss the Future ».
En attendant, c’est de son vivant qu’on aimerait l’embrasser, pour la vitalité enragée qu’il insuffle à la mode.
Denyse Beaulieu
Photos Gilles Danger
Presse Kuki de Salvertes – Sébastien de Brito / Totem