« Dans ces murs voués aux merveilles j’accueille et garde les ouvrages de la main prodigieuse de l’artiste égale et rivale de sa pensée l’une n’est rien sans l’autre »
Sous un ciel bleu zinc, bleu de Paris, les mots de Paul Valéry, lettres d’or accrochées au fronton de la Cité de l’Architecture, annoncent la couleur: la Maison Martin Margiela nous invite à contempler sa Haute Couture, une Haute Couture qui fait la part belle au recyclage.
Après avoir atteint le dernier étage, traversé un couloir drapé d’argent, la présentation commence. Sans musique ni fioritures, les mannequins masqués de nylon déambulent. Ici les capuchons de stylo deviennent vestes, les éventails et autres tendeurs se changent en boléros, la fourrure rasée se zèbre et trompe l’oeil tandis que les chemises à pois découpées en maillons, assemblés les uns aux autres, prennent l’allure d’une robe. Quand à la broderie, elle suit cette même logique. Broderie faux-cils parant un gilet, broderie phares de vélo fracassés recouvrant en mosaïque une veste.
Moderne? A n’en pas douter, la maison belge crée un nouveau langage de façonnage. D’une innovation sans borne, les petits chimistes de la Maison Martin Margiela, tous de blouse blanche vêtus, défrichent le terrain d’une couture encore vierge.
Benoit Foucher
Photos Billie Bernard
Presse Samantha Garreth