Au sol ? Du parquet de Versailles. Charmant deux-pièces désuet qu’une corde à linge traverse et nous laisse pensif.
Pas trop longtemps, une mélodie lancinante se propage, le mystère s’éclaircit : comme au sortir de l’atelier, Adeline André, ciseaux en poche, aidée d’assistantes à l’allure sixties, étend sa Haute Couture.
Dos, devant, dos, devant…Assemblés les uns aux autres, une robe longue sans manches digresse, évolue, se change en caraco. Drap de mousseline aux couleurs dégradées, chair tirant sur le vermillon, laisse entrevoir les rayons du soleil. Un mannequin, poupée de boîte à musique se laissant vêtir, amorce la réflexion. Dans un tourbillon madame André superpose les panneaux, les uns après les autres, avec justesse. À force, sans crier gare, le miracle s’opère. Une robe 30 à pans et aux manches longues se dessine sous nos yeux.
D’une sobriété sans égale, moderne. Ici, les boutons et les agrafes disparaissent, n’ont pas lieu d’être. Soustraite du superflu, elle dévoile un tombé irréprochable.
Subtile recherche sur la coupe, véritable bijou d’architecture. Adeline André ne fait pas dans la dentelle, encore moins dans la broderie.
Benoit Foucher
Photos Jeremy Mathur