A peine j’emboîte le pas dans la rue du parc royal qu’un barrage se profile au loin, le trottoir est encombré. Côte à côte, agglutinés sur le macadam, les journalistes patientent. La musique démarre, les vibrations sonores des assourdissantes basses font trembler les murs. Par groupe de quatre, on se faufile à l’intérieur.
Dès l’entrée, un monde singulier se dessine. Suspendues dans les airs, au dessus d’un miroir, une lumineuse jupe aux jambes automates s’agite et se réfléchi.
Ici, point de présentation classique ! Aganovich a décidée de jeter l’encre dans la cour de l’Hotel de Croisilles et installe, à chaque fenêtre, ses créations sur Stockman. En noir et blanc, retenues à la taille par une fine bride, des demi-jupes côtoient des vestes composées de moitiés réunies ensemble.
Quand aux bustiers et autres trenchs, ils suivent cette même logique.
On dirait le Cut-up de William S. Burroughs, technique consistant à découper un texte au hasard; puis d’assembler les morceaux différemment pour en former un nouveau. Parfois des parties de journaux ou d’autres auteurs venaient prendre part à l’expérience. D’un coup, je me souviens du carton d’invitation: « only a miracle or a disaster could restore it », Burroughs dans toute sa splendeur.
Soudain une fine pluie tombe précisément à chaque fenêtre, la musique tourne à la série noire. Sourcils émeraude, quelques mannequins complètent la collection qui prend toute son ampleur. Modèle après modèle, la chair apparait. Une robe aux épaules carapace dévoile même un sein que l’on saurait voir.
Subtiles recherches autour de la femme, de son corps mis en valeur. En partant, je repasse devant la poupée qui gigote encore. Tiens ! A travers la glace, j’élucide l’éternelle question : qu’est ce qu’il y a sous les jupes des filles ? Une lumière.
Benoit Foucher
Photos Alexei Moskalenko
Presse Peoples revolution