Palais de Tokyo. Au Saut du Loup, sur un podium luisant de vinyle, Alexandre Vauthier présente sa dernière collection Couture dans une ambiance survoltée. Standing bondé. Les projecteurs croisés s’animent sur une musique rythmée. Et une fois de plus, le créateur fait l’unanimité.
Malgré sa dominante résolument sombre, la collection automne/hiver 2014 d’Alexandre Vauthier brille par son juste équilibre entre naturel et sophistication. Aux traditionnels noir, blanc, chair et doré, s’invite cette saison un bleu pâle pour une gamme de couleurs toujours simple et efficace. Efficace, à l’image des coupes biaisées à la perfection.
Fidèle à la femme qu’il habille, Alexandre Vauthier prend le parti d’un chic citadin décomplexé. Aux tenues légères ultra courtes et décolletées s’associent des manteaux de fourrure, des vestes en cuir et teddys négligemment portés sur l’épaule.
Confort de jour, la collection dessine une garde robe essentielle aux lignes claires et droites, prête à se plier à nombre de circonstances d’une femme active sûre de plaire. Rigoureux foisonnement de pièces inlassablement remises en jeu aux épaules carrées, les vestes et blousons asymétriques, bombers ou perfectos de cuir blanc oversized, gros pulls en mohair et pantalons tantôt sarouel tantôt slims, très justement enrichis de drapés asymétriques, rythment le quotidien.
A la nuit tombée, les décolletés plongent, vertigineux, jusqu’aux tailles, le dos se découvre pour laisser place à de longs colliers métalliques qui suivent la colonne vertébrale, la jupe raccourcie à l’extrême n’en finit plus de jouer sur les transparences dans des asymétries qui laissent balader une jambe.
Les robes ne couvrent plus la peau, la peau devient un vêtement de chair, comme pour ne plus être nue sur des lingeries apparentes et satins de soie drapés façon bustier. Les cristaux déposés ici et la sur des vestes laissées au vestiaire deviennent évanescents et célèbrent l’heure de la récréation, la où se laisser aller au plaisir d’être fragile rime avec féminité.
La foule retient son souffle quand apparaît la mariée. Sa jupe fendue déploie une traine interminable de plumes d’autruche signée Lemarié. Et le final s’achève évidemment dans un tonnerre d’applaudissements.
Jean Charles Cohen
Photos Alexei Moskalenko
Presse Jean François Soler – Jean Albert Hermann/ Station service