Stéphane Rolland, Viva España

Prenez une bonne dose de photographes hystériques, ajoutez-y quelques stars de la jet-set en mal de disques, déposez-y un zeste d’overlookés pour l’occasion, et saupoudrez le tout d’une clientèle internationale black card… telle est la recette du succès des défilés Stéphane Rolland.

Malgré la dimension glam jet-set couture qui plane sur chacun de ses défilés, il n’en oublie pas pour autant l’essentiel: signer des collections empruntes d’une identité singulière. Très haute couture.

Plongé dans le noir… Et voilà qu’aux battements d’éventails de la foule surgissent les claquettes d’un des plus grands danseurs de flamenco andalou: Rafael Amargo. Le regard de braise, les cheveux ébène, le corps chaud et sensuel à la fois, le voilà lancé dans une démonstration qui laisse la salle dans un silence religieux.

L’Espagne de Velasquez dans toute sa splendeur.

La première silhouette fait son entrée. Le tempo est donné.

Fidèle à sa patte, Stephane Rolland tire son épingle d’une intensité austère, entre rigueur et sensualité, asymétrie volumineuse et jeux de transparence, approche sculpturale et maitrise d’un tombé souple.

Sur une palette de tons sombres et envoûtants, les corps s’enveloppent d’une âme fluide, crêpe et gazar noir entrecoupé de bleu nuit sur des tulles et mousselines givrées.

Les robes et chemises en jersey suggèrent aussi bien qu’elles dévoilent. Les manches surdimensionnées volent, les capes flottent.

Le rêve gagne en surréalisme quand il s’associe à des empiècements graphiques sur des cols et plastrons plissés en faille blanche.

Les pantalons tube jouent les pudiques mais ne manquent pas de se glisser sous de robes plus équivoques.

Les jeux de miroir reflètent l’âme à double tranchant de cette collection sur des morceaux de vinyle vernis, broderies scintillantes et ceinture en verre optique.

La lumière est réfléchie sur le visage de ses anges pas très catholiques.

A l’image de la mariée, toute de blanc vêtue dont les manches trainent le pas d’une fuite qu’elle ose aux côtés du danseur sous une horde d’applaudissements…

Jean Charles Cohen

Photos Alexei Moskalenko

Presse Anne Sophie Barbe

 

 

Haute Couture Automne 2013 Hiver 2014