Drôle d’oiseau que ce Serkan Cura. Corsetier et plumassier de formation, maniant la plume comme la fourrure, ce jeune créateur belge, ex-étudiant de l’Académie Royale d’Anvers n’a pas fini de nous faire rêver.
Hôtel de Ville. Dans la salle des fêtes, l’ambiance est calme, le temps suspendu. Chacun attend avec une curiosité palpable la collection automne/hiver 2014 du créateur.
Le silence fait, Serkan Cura plonge son public dans une ambiance presque champêtre, sur une musique reprenant le chant de son animal fêtiche: l’oiseau.
La première silhouette apparaît, et le public sait déjà qu’il va assister à un grand moment.
Fidèle à sa patte, Serkan Cura se joue des textures et volumes qu’il réinvente au gré des techniques ancestrales et artisanales des matières, qu’il fait renaître comme le phénix de ses cendres: taillée, frisée, ciselée, peinte ou teinte, la plume prend une autre dimension, façonne des robes courtes dont elle arrondit les épaules et s’assemble sur des corsets de cuir qui se déclinent en robes courtes structurées, et colorées.
La fourrure, quant à elle n’est pas en reste. Associée à des pièces corsetées, elle habille une maxi robe de tulles en parfait gilet, rehausse des silhouettes plus droites en écharpe vivante, ou boléro gonflant.
La broderie vient scintiller la parure d’oiseaux dont on souligne la fragilité par des tissus plus légers et transparents.
Chaque passage redonne un nouveau souffle à l’obsession de son créateur: ces chimères, femme-oiseaux, aiglons ou corbeaux, voltigent d’un bout à l’autre de la pièce surmontées de chaussures qui font office de parures de pieds, en long mouvement de plumes ou grosses fourrures enveloppantes. Harmonie parfaite.
Serkan Cura réussit encore à parfaire l’harmonie d’une collection riche, vivante et expérimentale dont chaque pièce prise séparément, a tout pour voler de ses propres ailes !
Jean Charles Cohen
Photos Alexei Moskalenko
Presse Kuki de Salvertes – Sébastien de Brito / Totem
