Vite, le défilé commence, j’ai juste le temps de me faufiler dans un coin.
Silence.
Au plafond, une rosace d’un florissant rouge botanique illumine les murs blancs délabrés des locaux désaffectés du 37 rue de Turenne.
Ambiance austère. Assis sur des bancs minutieusement alignés autour des salles, le public attend religieusement.
Sensation enivrante du triomphe du vide.
Le son d’un orgue résonne. Le premier modèle sort dans une robe noire, reprenant les codes très précis qu’utilisent les couturières d’atelier sur leur mannequin de bois.
Le ton est donné. Entre le sacré et le profane l’été prochain sera sous haute précision chez Aganovich.
Emblématiques ou fausses puritaines les déesses vont, taille tracée comme un corset par de larges plis plats asymétriques ou de grandes pinces ou encore des superpositions de tissus.
Les ensembles en soie lourde et mat donnent de la fluidité à leurs démarches. Le rose précieux des tenues en damassé préserve leur extrême féminité.
Le blanc naturel du lin lavé nous donne une sensation de pureté, de fraicheur. Repassé laborieusement par endroit, il nous fait rappeler l’exigence et le geste de nos arrières grands mère.
Des ensembles sublimes pour fouler le bitume ou le sable chaud.
Les combinaisons zippées qui laissent entrevoir des bouts de peau ou les broderies rose pale font parties des péchés concevables chez Aganovich.
Le rouge vif marque une sensualité païenne dans la palette de coloris sombres, terre, sable.
Re-évoquant l’époque élisabéthaine, Nana Aganovich dépoussière les anciennes mœurs d’une mode vouée à la chasteté.
Entre rigidité et souplesse, sacré ou profane, l’été prochain sera une fusion de sensualité pudique et de sagesse coupable pour une saison impitoyablement hérétique.
Mfb / FC
Photos : Ludovica Anzaldi
Presse : Michèle Montagne