Tel que dans sa collection précédente, Tsolo Munkh hypnotise. C’est bel et bien le mot approprié. Car cette femme de Mongolie crée en transe.
» Quand je travaille, les esprits des anciens reviennent sur Terre et créent d’eux-mêmes le vêtement. Je suis leurs mains et voici le résultat ».
En effet, dès le premier coup d’œil, l’adjectif qui surgit est fantomatique. On retrouve même, à certains endroits, des têtes de monstres qui nous fusillent du regard.
Mais revenons au vêtement. Pour l’hiver prochain, T. Munkh y développe bien sur sa matière fétiche, le cuir. Et surtout celui de la chèvre qui est le matériel principal des vêtements typiques de son pays. La laine est aussi très présente dans son aspect brut mais tissée artisanalement.
La « deel » tunique traditionnelle portée sur un pantalon par les hommes et les femmes, est réinterprétée ici en tricot tissé de fil de cuir, en laine bouillie et effilochée, en cuir aux dessins matelassés ou encore tricotée de cordons et brodée de perles de bois qui se fondent à cette maille.
Chez Tsolo Munkh, les couleurs viennent de la terre, les textures ont un passé, les formes jouent entre le glam et l’austérité, avec toujours un brin de poésie.
Défendre la culture de son pays tout en l’adaptant à la vie moderne est le challenge de cette artiste de la mode.
Qui, à l’âge de trente ans, décide de venir étudier l’architecture à Paris. Malheureusement, les écoles n’acceptent les étudiants que jusqu’à l’âge de 25 ans. C’est donc vers la mode que cette artiste venue des steppes, choisit de se tourner.
Un regard, un travail artisanal exceptionnel qui mériterait cependant de la légèreté pour s’adapter aux codes parisiens.
Louise Sayo Shiina
Photos Valeria Castillo Mendoza
Presse Josiane Cristofoli / Cristofolipress