À défaut d’autre adjectif, disons que la collection printemps-été 2009 d’An Vandevorst et Filip Arickx affichait un érotisme très anversois. C’est-à-dire : intellectuel, réservé, aussi romantique que les boucles Bardot-au-saut-du-lit des mannequins, à la fois provocant et masqué comme leurs lèvres fardées de carmin bien au-delà des limites naturelles.
Mademoiselle n’a pas pillé que la coiffeuse de maman. Elle a fouillé dans les placards, piqué la veste à rayures banquier de papa (mais sans les manches), son gilet, ses chemises blanches et ses cravates à pois (dépliées et recousues, elles composent une robe). Par-dessus ces chemises blanches un peu grandes, elle a glissé la gaine à jarretelles de maman en guise de mini-jupe, divers bustiers en satin, une longue chemise de nuit en soie champagne ondulante, des combinaisons incrustées de dentelle ; ses petites robes blanches à jupe bouffante et ses tailleurs anthracite sont assortis de bas couture gris perle.
Bien entendu, le fait qu’A.F. Vandevorst propose depuis 2006 une ligne de lingerie n’est pas étranger à ce mauvais genre mi-pensionnaire anglaise, mi-pensionnaire de bordel, accentué par des chaussures en cuir vernis à double bride. L’omniprésente chemise blanche, stricte et candide, absout par avance ce flirt avec le fétichisme, tout en le renforçant subtilement.
Denyse Beaulieu
Photos Pierre Emmanuel Rastoin
Presse Kuki de Salvertes / Totem