Depuis quelques années, Haider Ackermann poursuit une recherche sur le vêtement fondée sur un vocabulaire délibérément restreint, mais indéfiniment affiné : le drapé et la torsade, le travail sur des matériaux d’une finesse de pétale – peaux, mousselines, soies, jerseys, mailles viscose, le blouson-spencer court et un peu épaulé…
Pour le printemps-été 2009, il y ajoute un jeu sur des zips posés en spirale qui permettent de structurer/déstructurer le vêtement, et une palette aux couleurs d’orage ou de tempête de sable : ardoise, violet, noir, gris perle, terre rouge… Les drapés et les zips qui bousculent les coupes ouvrent un espace de liberté dans l’usage des pièces : exposer ou voiler la chair, relever un pan ou le laisser flotter avec désinvolture — rien de moins dictatorial qu’une pièce d’Ackermann.
Ce vocabulaire extrêmement tenu et maîtrisé s’insère dans ce qui se révèle, de plus en plus, comme un style véritablement personnel, à la fois extrêmement contemporain et étrangement intemporel : sans aucune référence explicite au passé, fut-ce au futurisme (qui est une idée des années 20 et 60), Haider Ackermann parvient à la fois à évoquer les tous premiers temps du vêtement (peaux des nomades, drapés de la Grèce antique) et leur avenir au troisième millénaire.
C’est dans ce décrochement, cette inactualité qui se refuse au copier-coller postmoderne, que se situe la profonde originalité d’Ackermann.
Denyse Beaulieu
Photos Gilles Danger
Presse Michèle Montagne