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Rachel Laurent

Portrait de l’artiste en femme chic défroquée

Par Denyse Beaulieu / Photo : Catherine Thiry

Lorsque Rachel Laurent, havane coincé entre ses longs ongles laqués de rouge, promène dans les vernissages sa dégaine lookée punk-Yohji de « femme chic défroquée », comme elle dit, les hommes s’émeuvent… Quand ils voient son travail, il arrive qu’ils se décomposent. Festins cannibales exquisément composés où des fragments de petits baigneurs nagent dans le ketchup, poupées gonflables disposées dans des ordures ou déguisées en SDF handicapées – stylisme Guerrisold, panneau « J’AI FAIM » authentique racheté à une mendiante yougoslave devant le Bon Marché… « Je ne fais que dans la profanation », tranche Rachel Laurent, en désignant une série d’« autoportraits défoncés » : photos grimées comme si elle avait été victime d’un accident de scalpel, projetées sur du papier froissé puis re-photographiées. « Ca choque beaucoup. Moi, je me trouve ravissante… Cela dit, je n’aurais jamais songé à me photographier si je n’avais pas posé déguisée en Claude Cahun pour Olivier Blanckart . Je me suis vue très laide, et ça m’a débarrassée de l’image de la femme idéale que nous trimballons tous avec nous. Ca a été très libérateur. J’ai perdu mon narcissisme idéal. »



 

Le même geste libérateur avait jadis conduit Rachel Laurent à couper ses boucles Rita Hayworth et à passer au noir pour des raisons strictement pratiques : elle s’était achetée une moto à gros cylindre. « De toutes façons, quand je me mettais en femme femme, j’avais un peu l’air d’un travelo », décrète-t-elle.
« A un moment, je me suis foutue en noir et je suis restée en noir. Et en Yohji Yamamoto : quand on se met ça sur le dos, on a toujours l’air de quelque chose. Ce style délibérément pas sexy est aussi une forme de provocation. Après 50 ans, ne plus jouer le sex-appeal, c’est assez reposant. »Qu’on ne s’y trompe pas : ses airs d’affranchie de la séduction sont aussi une coquetterie, qui dégage le même érotisme ravageur que ses œuvres. Un érotisme qui chamboule les barrières de l’identité sexuelle et de la beauté, comme dans cet « Autportrait en Pierre Molinier » réalisé pour l’exposition « Postérieurs » à Malaucène l’été dernier, où Rachel Laurent, cigare aux lèvres, prend la posture acrobatique d’une femme déguisée en homme qui se déguise en femme… Pas étonnant, quand on sait que Rachel Laurent est une fervente admiratrice de Marylin -- Manson, évidemment.

Rachel Laurent est à la Galerie Loevenbruck, 40 rue de Seine, 2 rue de l'Echaudé - 75006 PARIS
www.loevenbruck.com

NB. L’artiste Olivier Blanckart a réalisé une série de portraits, de lui-même ou de ses proches, déguisés en personnages de l’histoire de l’art. Il a grimé Rachel Laurent en Claude Cahun, artiste surréaliste et lesbienne dont les autoportraits jouaient sur la ligne de l’identité sexuelle.