Portrait
Ecrivain. C’est tout. A l’heure où
il faut au minimum étaler un C.V. digne d’un plateau de Ca
se discute ou arguer d’un prix littéraire pour prétendre
parler d’un livre qu’on aurait signé, Serge Joncour
se contente d’écrire. D’insidieux récits où
rien ne se passe, ou si peu : un médecin spécialiste de
l’infertilité contemple un magma biologique envahir sa piscine,
tandis que deux gamins en mal de famille Ricoré s’insinuent
dans son foyer (In Vivo, éditions Flammarion). Un séduisant
inconnu s’installe comme chez lui au sein d’une famille de
notables (U.V, chez Le Dilettante, prochainement adapté pour l’écran
par Claude Chabrol.). Un parfait quidam se retrouve projeté dans
l’hyper-célébrité sans la moindre raison (L’Idole).
Autant de situations délicates (c’est le titre de son recueil
de nouvelles) que Serge Joncour cisèle avec une cruauté
contenue, enserrant ses personnages dans la nasse de leur solitude, dénouant
ses récits dans l’ambiguïté, comme des polars
dont la résolution serait laissée au lecteur… Le style
: à la fois sec et sensuel. Limpide, forçant l’attention
par la subtilité de la découpe des phrases. Impitoyablement
dénué d’expressions toutes faites, drôle souvent,
douloureux parfois. |
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Ce style, Serge Joncour a eu tout le temps de le travailler, de le
gratter jusqu’à l’os. |