Il y a toujours, dans les vêtements de Yohji Yamamato, quelque chose qui semble impliquer un choix de vie, une façon de se situer dans l’environnement culturel et social : celle qui les porte affiche une option légèrement hors-mode. Elle appartient à la tribu Yohji qui avait, cette saison, chaussé ses lunettes noires, seule signifiant de l’été dans une collection hors-saison à l’exception de quelques robes à bustiers.
Sereins, nobles, sensuels – le mot-clé de sa collection serait, semble-t-il, « Éros » — les modèles reprennent, dans une palette ivoire et noire à peine brossé d’un violet éteint dans les deux robes imprimées, les signatures du style Yamamoto : asymétrie des pans ou des vestes au boutonnage décalé pour créer des drapés, emmanchures ouvertes pour dénuder une aisselle ou prolongées d’excroissances qui flottent comme des rubans ou se drapent en bouillons. Des surpiqûres blanches aux courses aléatoires en apparence courent sur l’étoffe.
Une série de trois longues robes ivoire faites de pans irréguliers savamment assemblés pour dynamiser la silhouette interrompt la procession des noirs : elles annoncent la mariée qui clôture le défilé, vêtue d’une robe-tente montée sur cerceaux, comme une lointaine allusion à Watteau.
Denyse Beaulieu
Photos Billie Bernard
Presse Stéphanie Coutens – Jeanne Biehn