A.F.Vandevorst

Il faut les voir tous ces gens qui pressent le pas dans les couloirs du Musée de l’Homme, montent les marches deux à deux, en talons pour certaines, afin de s’agglutiner dans une salle noire, pleine à craquer, véritable marée humaine débordant parfois, au gré des mouvements, sur la piste feutrée. Pourquoi ? Pour la présentation de A.F. Vandevorst.
Dans le noir, un piano retentit, le spectacle peut commencer. Lumière. D’abord figées, des écuyères, cheveux plaqués d’un côté, en volume de l’autre qu’un ventilateur ébouriffe, entament une marche. En croix, forcément.

A profusion des beiges se répandent, beige sableux, au couleur de roses tirant sur le chair, que vient réveiller tout un tas de gris, de bruns et de terres. Ici, la soie prend toute son ampleur, se plisse, soie tellement ample qu’elle force les vestes à basculer, vestes aux emmanchures bousculées vers les coudes ayant pour seul moyen d’être retenues de grosses ceintures de contention en cuir épais, rigide comme une armure. Sinon c’est inévitable, elles glisseraient sur le corps. Quand au nylon, il y règne en maître, se répand partout et devient traine.

Collés aux chaussures, des bas sans coutures, bas cuissardes, recouvrent des shorts délicats, les écrasent même jusqu’à les transformer en subtiles culottes légèrement bouffantes. Les fines étoffes flottent, se mélangent aux constructions solides des corsets de maintien décalés, rivetés pour certains, lacés pour d’autres, qui finalisent l’ensemble, le structurent.

Rien n’est fait au hasard et rien n’est sagement attendu car A.F.Vandevorst se joue des codes, s’en libère et crée ainsi une silhouette à l’asymétrie assurée, résolument contemporaine.

Sans s’y attendre le vent s’est levé, une tornade est passée: la modernité.

Benoît Foucher

Photos Billie Bernard

Presse : Kuki de Salvertes-Sébastien de Brito/Totem

Femme Printemps Eté 2010