S’engouffrer dans le Plaza Athénée, se faufiler entre quelques poupées russes, puis retrouver au sein du salon Dorchester, un magnifique tableau vivant signé Augustin Teboul, nom de garçon pour duo féminin basé à Berlin.
L’allemande Annelie Augustin et la française Odély Teboul dévoilent au Plaza « Somewhen », après avoir remporté le grand prix Dorchester Collection Fashion Prize. Géniales de leur talent, elles affichent un univers dark à l’esthétique ultra soignée. Bienvenue chez elles.
Un enregistrement de Callas grésillant résonne dans le minuscule salon. Les chaises sont renversées, nos yeux s’escriment sur le tableau et décèlent une longue jupe transparente à pois, une robe en cuir et jersey à épaulettes militaires, un cuir travaillé en motifs géométrique sur leggings ou encore un top. Efficace.
Les chapeaux sont magnifiés de broderies et strass Swarowski. On passe de la balaclava à la chapka fourrure ou à la capeline bordée de franges. Le regard en est comme masqué, accessoirisé. Un bandeau en angora aux franges perlées de strass s’alignent dans un esprit artisanal très couture.
Les mains se déplacent, tantôt sur le sofa tantôt sur les franges d’une écharpe crochetée de laine, accentuant les détails dans une sensualité hors du commun. Une espèce d’oisiveté lascive enveloppe ce vestiaire fait de longs gants en cuir brodés de crochet et robe entièrement en dentelle et crochet de laine.
Un miroir des deux côtés du salons valorise ce chaleureux mais petit espace. Bougeoirs aux murs et piano d’époque complètent le décor et se marient aux motifs géométriques en dentelles des robes, de bandes de cuirs venant souligner la silhouette et la précision parfaite des coupes accentuées par le travail de broderie sur chaque tenue.
Riche de détails, riche de sens, cette présentation de collection hypnotise.
Les mannequins sont des veuves noires, la bouche pulpeuse et flottante, elles tissent une toile dans laquelle on plonge sans réfléchir, tant Augustin Teboul respire l’irrévérence, le talent aiguisé et acharné de tout grand designer.
Stéphane Fiorello
Photos Valeria Castillo
Presse L’appart