La ponctualité durant la semaine de la mode est un vrai mystère. Si un show est à l’heure vous êtes en retard et s’il est en retard vous êtes à l’heure.
Résultat, un défilé au pas de course dans l’intime et classieux hôtel Salomon de Rotchschild, où le couple Nana Aganovich et Brooke Taylor présente un défilé automne-hiver à l’ambiance monacale et féérique.
Une première tenue en guise de fil rouge défile. Marche lente, large manteau noir à revers de satin bleu, accessoirisé de longues boots tout droit sorties d’un songe, drapées dans un velours mauve.
Aganovich ressemble à un haïku. Vous savez, ce petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses. Belle allégorie de ce défilé au fil narratif enveloppé de mouvement des matières, déconstruites puis restructurées comme les grands plis plats à même la robe.
Une silhouette retravaillée par le biais de jeux de superpositions.
Drapés de soie, hauts en laine bouillie, manteaux jusqu’aux mollets, les femmes sont des muses austères, mais de leurs tenues jaillissent des contrastes de couleurs, étonnants.
Oui, on se croirait par moment dans Alice au pays des merveilles de Tim Burton et en dehors du temps, tant la palette de couleur vire au bleu en passant par un mauve de satin lumineux, jusqu’aux cols disproportionnés aux dimensions oniriques.
Savant jeu des contrastes que l’on retrouve sur un ensemble camel satiné, d’où le blanc jaillit lumineux et tangible dans l’espace.
Petit clin d’œil avec une mannequin maquillée en clown incarnant cette théâtralité propre à la marque.
Nana Aganovich et Brooke Taylor présentent depuis plusieurs saisons leur collection à Paris avec succès. Adoubés cette année par Suzie Menkes, ils dévoilent un territoire poétique, où le public applaudit à chaudes mains des créateurs de mode, et plus encore.
Stéphane Fiorello
Photos Can Saricoban
Presse Michèle Montagne
