ELIE SAAB LE MAGICIEN

Elie Saab Printemps Eté 2020

Le premier modèle apparait dans une grande robe en coton sable, avec un effet dentelle découpé au laser. La taille cintrée sur le devant, elle se termine par une cape ample dans le dos. Majestueuse ! Avec sa « coiffure afro émancipatrice ».

C’est comme ça qu’on appelle aujourd’hui ce qu’on appelait dans les années 70, la « coiffure afro ». Car dans le lexique des coiffures afro d’aujourd’hui, on trouve du défrisage, du lissage, du tissage, de la perruque… Le naturel s’appelle « transition » une sorte de repos avant de procéder aux multiples traitements.

Mais cette bulle de cheveux tellement belle, comment a-t-elle pu disparaître ? Un peu d’histoire ! Tout démarre pendant les périodes de l’esclavage. Où les femmes des maîtres blancs, demandaient à leurs esclaves de cacher leur cheveux car ils troublaient leur mari. Pour les hommes ce sera les maitres qui leur demanderont de se raser par hygiène ou pour mieux les asservir. A Harlem dans les années 60 naissait le mouvement « Black is beautiful ». La mode dans les années 70 va accélérer ce courant militant avec de grandes pop stars, Angela Davis, Jimmy Hendrix…pour ne citer qu’eux.

Aujourd’hui ce naturel s’appelle être « Nappy », de l’anglais «  natural » et «  happy ». Fini les séances de torture, défrisage, crèmes chimiques, les « nappy girls » assument leur cheveu frisé, pour leur plus grand plaisir et le nôtre.

Cette petite parenthèse sur le show d’Elie Saab, qui lui, est très proche de la beauté de la femme. C’est sa marque de fabrique.

C’est en effet à l’âge de 10 ans qu’il prend conscience de la guerre qui déplace sa famille de Damour à Beyrouth. Il cherche alors à se constituer un monde solide. Ce monde, pour ce petit garçon, c’était les belles femmes et leurs formes.

A 18 ans et en pleine guerre, il ouvre son atelier de couture. Et se fait connaître par le bouche à oreille. Les bombardements ne l’ont pas découragé à faire des défilés. Bien au contraire, il est comme un résistant qui aurait apporté du bonheur à ces femmes libanaises. Qui lui inspire la beauté. Ils partageaient la même histoire, les mêmes rêves. Vivre ailleurs qu’à Beyrouth est pour lui impensable. D’abord parce qu’il s’en inspire, mais aussi parce qu’il est très attaché à ces familles qu’il fait vivre dans ses ateliers de couture.

Vivre à Beyrouth et habiller les plus belles femmes du monde ? Ce pari, il le réussit avec son implantation à Paris. Une belle réussite dans un milieu qui paraît futile. Et qui pourtant, abrite un couturier de la race des héros.

Pour l’été prochain, il propose pour la ville du tailleur blanc, gansé de gros rivets, en short ou en pantalon à pinces. La version en noir est plutôt rock. Des effets d’asymétrie sur les robes qui jouent le mini et le long, des détails en macramé, du patchwork dans des soies.

Un port de tête, des cheveux naturels ou des coiffes turban, les princesses orientales d’Elie Saab flânent dans de longues robes sublimes. Très fluides, sobres, juste faites pour souligner leur élégance. Elie Saab reste le magicien des femmes.

Mfb
Photos Vincent Lappartient

Elie Saab Printemps Eté 2020 / Défilé septembre 2019

Femme Printemps Eté 2020