On connaît le goût spectaculaire de ses présentations. Parce qu’Henrik Vibskov n’est pas seulement un designer de mode. C’est un artiste complet, un intellect doté d’une vision conceptuelle rare, et d’une approche plastique qui l’ont déjà mené à explorer d’autres champs artistiques, en fer de lance du «Nouveau mouvement nordique».
Charmeur de serpents, Henrik ? Ou peut-être marabout des temps modernes. Le voilà épris pour sa collection printemps été 2014 d’une tribu nomade imaginaire, à mi chemin entre la route des Indes et le berceau Africain.
Vibskov nous transporte dans un monde inspiré de visuels riches et colorés qui ne manqueront pas de plaire à la tribu «arty ultra portable» à laquelle il appartient. Entre vestes imprimées, longues tuniques, shorts assortis d’impers aussi amples que fluides, les cotons indiens croisent ses désormais légendaires tricots dans un festival de couleurs graphiques: blanc, beige, camel et noirs sont rehaussés de nuances de bleus, jaunes moutardes, verts et rouges/orangées. Une alchimie étonnante, magnifiquement dysfonctionnelle dont seul le créateur a la recette.
Eclectique, Henrik Vibskov n’en perd pas moins la rigueur de sa patte scandinave: radicalisme des coupes droites, avant-garde des matières – notamment sur un pull en néoprène noir et lin magnifié de chevrons – et de l’accessoire: les chaussure réhaussées de cubes de bois, instables, troublent l’oeil d’un effet 3D maitrisé, quand les chapeaux à chignons ou à queues de cheval ne font que s’inscrire dans les strates d’une mode ludique.
Couleurs éclatantes, formes géométriques, imprimés graphiques et avant-garde masculine, c’est une exposition multimédia des sens, synesthésie à la Vibskov où poésie rime avec étrange. On en ressort émus.
Jean Charles Cohen
Photos Alexei Moskalenko
Presse Agency V Nadine Sanchez