22/4 _ Hommes & Femmes

Jamais en manque d’inspiration pour mettre en scène son travail, la créatrice d’origine allemande, Stephanie Hahn, s’est prêtée à une installation sur deux étages rue Froissard, dans le troisième. Un travail d’image, principalement orienté autour de plusieurs séries photos mettant en scène ses deux puits d’inspiration: rigueur du workwear asiatique, et décontraction du sportswear made in US. Contraste. De paysages, rizières orientales et motels californiens. De poses, instantanées ou surfaites. De couleurs, verdoyantes ou brûlées. Qui démontre aussi le pouvoir de l’image sur une mode retranscrite, adaptée, voire travestie. Mais la synthèse opère, par la même touche de nostalgie soufflée par le grain de la pellicule.

Accent que l’on a peine à retrouver sur le court métrage réalisé pour la saison. Pas très accessible, il ne fait qu’intellectualiser sans esthétisme ces mêmes inspirations, sous les doigts d’un mannequin qui bidouille des fils électriques plongés dans un bac à sable, avant de confondre ses bras avec trois autres pour simuler une Shiva. Le tout sur un paysage d’arrière plan de désert à cactus tout droit sorti du Texas. Au final, lui-même tombé dans le surjeu de l’image. Dommage.

Le défilé s’ouvre dans le noir sur une musique assourdissante, qui nous pousse aux dernières contractions. Les silhouettes s’enchaînent dans l’alternance d’allures masculines/féminines d’un pas aussi sévère que leur coupe. Ambiance radicale et épurée pour une collection qui fait la part belle aux matières et soucis des détails: les soies légères, blanches et beiges des pantalons côtoient les cotons secs des chemises de travail, et font contraste aux néo-matières bleues métallisées souples, tantôt ajourées, tantôt transparentes, définitivement sportives des quelques débardeurs, vestes et manteaux de la collection. La poche comme toile de fond, s’ajoute aux subtiles jeux de fermetures à noeuds des vestes asymétriques, directement inspirées des kimonos, dont la créatrice reprend par la même le col mao et la rayure.

Une coupe épurée, à l’architecture nette, des volumes très légèrement oversized, le tout adouci par l’élégance de matières flottantes, et des détails empreints du costume traditionnel asiatique, 22/4 Hommes_Femmes multiplie les pièces maîtresses à l’effigie d’une génération X, pas vraiment masculine, pas totalement androgyne, résolument moderne.

 

Jean Charles Cohen

Photos Alexei Moskalenko

Presse Robin Meason

 

 

Homme Printemps Eté 2014