John Galliano

« Le passé, tout en gardant le piquant du fantôme, reprendra la lumière et le mouvement de la vie, et se fera présent. »*

Galliano fait dans la citation historique, quasi-fantomatique. Mais que crée-t-il au bout du compte ? Aujourd’hui prestigieux sociétaire des fashion weeks parisiennes, quelle légitimité a-t-il en tant que créateur, lui, l’ex-trublion de la mode qui à chaque saison ne fait que nous décliner le même scénario ?

Dans une immense piscine désaffectée tapissée de graffitis, un échafaudage descend jusque dans le bassin principal, appliquant son squelette métallique sur l’architecture bétonnée. C’est lui qui servira de podium à ces hordes de mamelouks aux poitrails luisants, ces caravages à bouclettes noires, ces légionnaires en burnous, ces musculeux tarzans en peau de léopard et ces napoléons en parade. Désuétude historique aux accents urbains, à chaque défilé, c’est le même télescopage des genres.

On pourrait croire à un présent fuyant devant tous ces costumes « d’époque ». Il n’en est rien. A partir des modes, « esthétiques du temps » dans tout ce qu’elles ont de fugitif et de transitoire, John Galliano extrait cet intemporel, ce beau mystérieux, insufflant dans ses collections un héroïsme tout contemporain. Baudelaire appelait cela « Modernité ».

*Baudelaire, Le peintre de la vie moderne

Hadrien Gonzales

Photos Billie Bernard

Presse Delli Avdalli – Cécile Delemme- Lilly Ait

Homme Printemps Eté 2010