Mort sur le Nil.
Une crise économique sans précédent, des millions de chômeurs dans les rues, un désaxé sur le point de prendre le pouvoir en Allemagne, et tout ce dont parlent les journaux, c’est de cette riche héritière assassinée lors d’une croisière sur le Nil !
Il y aurait quatre suspects, paraît-il. Tous à bord du « Karnach II » la nuit du drame. D’abord, ce drôle de touriste qui joue les natifs sous des tuniques blanches et des tenues bleu-touareg ; un rescapé du jeudi noir dans un vieux jeans et un blazer rapiécé ; un aristocrate au monocle, veste croisée et pantalon large, dandy gominé au smoking reluisant ; et enfin, un exemplaire-type du baroudeur désinvolte, main dans les poches, blouson, chèche autour du cou et panama vissé sur la tête.
Face, profil, clic, clac, une photo. Alors que les suspects s’avancent les uns après les autres, les mains des témoins se crispent, une rumeur monte. – Oh ! et puis tant pis ! tant pis pour l’héritière, tant pis pour le crime, tant pis pour le Nil ! – Quelque chose a basculé. Un mirage, une réalité dégénérée : les suspects deviennent mannequins, et les témoins, spectateurs. Un grondement sourd envahit l’espace ; c’est la nouvelle collection de U-ni-ty que le public, mystérieusement, applaudit.
Hadrien Gonzales
Photos Billie Bernard
Presse Laurent Suchel
