«Home Sweet Home», c’est le nom donné à l’aparté envoûtant de la Rotonde de l’Opéra Garnier orchestré par Van Beirendonck pour sa prochaine collection printemps/été 2014. Où l’on retrouve tout ce qui fait le charme et la fragilité de l’homme dépeint par le créateur.
Walter recrée pour son protégé un monde rien qu’à lui, un microcosme débarrassé des limites esthétiques du vêtement. Une serre romantique et champêtre, un concert baroque privé, un jardin secret où les chevelures en feuilles d’or se battent en duel avec de longues visières en osier.
Mais derrière ces atours réside l’essentiel, le cri fulgurant de jeunes garçons qui ont enfin grandi. Entre nostalgie et chasse au plaisir, les mannequins sont un regard posé sur cette jeunesse passée trop vite, avec le douloureux sentiment d’avoir perdu le plus précieux.
Les garçons masquent leur solitude et diluent leur ennui en aiguisant leur sens. Chaque silhouette devient un portrait comestible, vivant, sans patine: les blazers de patchwork géométriques multiplient les couleurs et textures sur col roulé plus sage.
Les pantalons fluides arborent des imprimés de bouquets de fleurs, lampadaires, tableaux de la Renaissance dont on retrouve aussi la fleur de lys, lancée ici et là, sur quelques trenchs et combinaisons-pyjamas.
Walter ébauche une révolution en sourdine, sabote le minimalisme et pour preuve: imprimé impérial d’abeilles, chaussettes montantes à détails dorés, longs gants de serpent, fines ceintures marquant pleinement la taille, foulards imprimés; où qu’ils soient, les héros de Walter restent d’éternels étrangers, confrontés à un monde étrange.
Le créateur ne raconte pas les tourments de l’adolescence, il n’ébauche pas une page d’Histoire, il murmure un souvenir nuageux, susurre des sentiments, ravit des chagrins, vole un sourire.
A la fin du défilé, la bonbonnière a disparu, les rêveurs ont cassé leurs jouets. Mais c’est une autre histoire! Pour nous, ce sera un rêve à vivre l’été prochain.
Jean Charles Cohen
Snapshots la-couture.com
Presse Kuki de Salvertes – Sébastien de Brito / Totem
