S’intéresser à une marque de chaussures sur la Fashion Week ?! Mais quel intérêt? Tout d’abord le très talentueux Olivier Saillard ex-directeur du Musée Galliera, où en est-il? Pourquoi avoir démissionné d’un poste prestigieux dont il était seul maître à bord pour rejoindre une marque?
A 50 ans et après 25 ans de direction de musées, 140 expositions dont la 1ere est une exposition sur Azzedine Alaïa et la dernière, la rétrospective de Martin Margiela, Olivier Saillard est prêt pour de nouvelles aventures professionnelles. La proposition de Thierry Oriez tombe à pic.
Séduit par « l’aspect écoresponsable et donc moderne de J.M Weston » Olivier Saillard accepte de se tourner vers une maison française dotée d’un patrimoine humain et d’un savoir-faire unique. Depuis un an, il en est le « directeur artistique, image et culture de la marque ».
La culture ? Si l’on a pour habitude de nommer un directeur artistique sur l’image, la « culture » est un peu un ovni dans ce secteur. L’idée ? Thierry Oriez. Un businessman rare qui signe des opérations de grande envergure dans le luxe, notamment celle de Baccarat. Sa stratégie de diversification et de renouvellement de l’image de marque du groupe en s’appuyant sur l’ouverture du siège réalisé par Philippe Starck est un véritable succès ! Il rejoint le groupe EPI en 2014 et devient le président de J.M Weston. Sa devise ? « Un produit est la résultante d’une philosophie de création »
Cette performance est donc une première pour J.MWeston. Et c’est avec Mathilde Monnier chorégraphe de danse contemporaine qu’Olivier Saillard donne le coup d’envoi. Elle aussi une grande Dame du milieu, qui a dirigé durant 20 ans le Centre Chorégraphique de Montpellier, et depuis Janvier 2014 le Centre National de la Danse à Pantin.
Cette performance met en scène les 11 modèles emblématiques de J.M Weston. Mathilde Monnier joue, détourne les mocassins ou les bottes en objets insolites.
Ces fameux mocassins qui ont fait connaître la marque Weston dans le monde et qui chaussent la plupart des chefs d’Etat Français ou ces bottes sublimes dont profitent les motards de la Gendarmerie Française et la Garde Républicaine.
Côté qualité, éthique et environnement J.M Weston est incollable !
Deux mois pour fabriquer 1 paire de chaussure. Pour le dessus, le cuir provient des tanneries françaises. Pour les semelles, les peaux sont trempées dans plusieurs bains avec des tanins naturels de plus en plus concentrés. Une opération qui peut prendre entre 45 et 90 jours au lieu de 6 jours par des procédés chimiques.
Ensuite 200 opérations sont nécessaires pour faire les modèles. Basée à Limoges depuis sa création, la manufacture compte près de 170 artisans, avec beaucoup de quinquagénaires qui ont trente ans de maison et qui forment à leur tour les plus jeunes. Ce qui peut prendre 3 à 5 ans pour être bien dans le rythme, d’après le contre maître « Le savoir faire, c’est de longues années d’apprentissage, de perfectionnement et d’adaptation aux modèles ».
Pour l’historique, en 1891 Edouard Blanchard bottier crée sa manufacture à Limoges. Il envoie son fils Eugène aux Etats-Unis dans la ville de Weston, tout proche de Boston pour apprendre les nouvelles techniques de montage et particulièrement le Goodyear qui permet une très bonne résistance.
De retour en France Eugène Blanchard travaille dans la manufacture de son père. A sa mort, il prend des décisions stratégiques de marque. Il décide de produire moins pour garder une qualité d’excellence, de 600 paires par jour, il baisse la production à 80 paires. Il va moderniser la manufacture, s’associer à Jean Viard un dandy parisien avec lequel il va ouvrir une boutique à Paris. La marque J.M.Weston est créée à ce moment là avec un nom d’emprunt dont on devine la source. Dès lors elle fera le tour du monde.
Elle offre une qualité irréprochable, la technique est restée tel qu’Eugène l’a mise au point avec toujours les machines de l’époque, elle offre aussi du presque « sur-mesure », avec un choix sur 7 largeurs de pieds en plus des demi pointures.
Côté féminin, Olivier Saillard a choisi Laetizia Casta comme égérie.
Aujourd’hui, la marque J.M Weston vit une renaissance avec une équipe de rêve.
Mfb
Photos Vincent Lappartient