Après avoir fait parler de Jeanne Lanvin au Palais Galliera, c’est aujourd’hui Alber Elbaz son successeur à qui revient l’honneur d’une exposition dans un des plus grands musées de l’image.
Au 1er étage de la MEP, le choix de la visite s’impose. Droite ou gauche ? Sur la fenêtre du palier sont inscrits ces mots « Nous vivons à travers nos écrans ; Nous ne regardons plus, nous filmons. Nous n’écoutons plus, nous enregistrons. Nous ne parlons plus, nous téléchargeons. Alber» Commençons par les salles de droite, une visiteuse s’adresse à son compagnon en rebroussant chemin « Oh non c’est la mode ici ». Ca sent fort la peinture fraîche. Les murs ont été repeints pour l’occasion de gigantesques dessins d’Alber Elbaz, qui se mêlent à des photos de plans de défilé.
Plus loin, de grandes photographies en noir et blanc sur des ébauches d’atelier avec des mannequins témoin posé devant. L’ambiance est feutrée. Un petit groupe à l’air fasciné par quelque chose.
Une interview. Assis à califourchon sur une chaise, Alber Elbaz parle tranquillement sans micro. Une voix douce avec un léger accent newyorkais, un esprit fin.
S’il pense que « la photographie a une énorme influence sur la mode, l’appareil photo a conduit à épurer les lignes » ce qui l’inspire ce ne sont pas les images, mais les mots, les histoires, les gens.
Ce qu’il dit des réseaux sociaux «on ne voit que le devant d’un habit. Or la mode ce n’est pas juste le devant, ou le dos, c’est tout ce qui se passe entre le devant et le dos, c’est ça l’histoire »
Il trouve qu’être un homme est plus facile qu’être une femme. Elles doivent toujours être belle, être une bonne mère de famille, être les meilleures au travail. Sur la recherche de la perfection « Moi, j’ai très peur de cette perfection parce qu’il y a quelque chose de faux, quand sur un visage on efface les rides, peut-être qu’on se sent plus jeune, mais ça ne veut pas dire qu’on est plus jeune »
Sur la création « on a toujours tendance à ajouter et après à épurer, épurer »
A la question avez-vous des obsessions ? Alber répond « Je suis super hypocondriaque. Je dis Allo au médecin, ils me reconnaissent tout de suite. Je peux les appeler 3 fois par jour. Si je n’avais pas fait la mode j’aurais fait médecin de famille. Parce qu’il y a plein d’histoires à écouter »
Ce beau moment se termine, Alber prend le temps de saluer les uns, les autres.
Poursuivons cette exposition en prenant le côté gauche de l’escalier. Une installation étonnante, sublime! Des photos lumineuses posées au sol répondent à de gigantesques posters. Un tableau vivant, une manière d’ennoblir ces instantanés de vie dans les coulisses ou sous les feux des projecteurs. Le dernier salon rouge fait ressortir les très beaux tirages couleurs. Les photographes qui signent cette installation ; But sou lai, Katy Reiss, James Bort, Mark Leibowitz, Juliette Da Cunha, Alex Koo.
Une très belle exposition « Manifeste » qui nous est contée par Alber Elbaz à travers Lanvin.
Mfb
Du 8 Septembre au 31 Octobre 2015 Maison Européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy Paris 4e