Castelbajac en son chateau

 

Un Rubik’s Cube géant clignote au gré d’une musique pop entêtante, se reflétant dans les miroirs d’une salle – un sas, plutôt – plongée dans l’obscurité. On se croirait sur le dance floor d’une discothèque pour fashionistas londoniennes.

Alléchante, l’entrée en matière de l’exposition Gallierock donne d’emblée le ton : plus qu’une mise en abîme, il s’agit d’une mise en scène de l’univers de Jean-Charles de Castelbajac par lui-même. Une performance en somme, qui se veut avant tout ludique, même si l’effet de surprise joue surtout dans la salle Rubik’s Cube.

S’ensuit un cabinet de curiosités historiques réunissant une armure que Jeanne d’Arc « aurait pu porter », la chasuble créée par JCDC pour le Pape Jean-Paul II en 1997 ou encore la robe de chambre portée par Napoléon 1er à Sainte-Hélène.

Sur les murs du musée reconverti en château pop s’affichent des messages délicatement taggés, des petits oiseaux promenant un cœur dans leur bec.

La grande galerie aligne, sous les scintillements de boules à facettes, les robes-objets, robes-tableaux et robes-hommages du styliste : gazars de soie à la coupe simplissime, floqués des insignes de Coca-Cola, Campbell’s Soup ou Lucky Strike; toiles de tissus présentant une scène du Petit Prince ou une couverture de roman ; robes de soie peinte ou imprimée à l’effigie de Vanessa Paradis, Maria Callas, Coco Chanel, Marylin Monroe…

La visite se termine par un show-room géant, exhibant en hauteur et en largeur quarante ans de créations aussi déjantées que colorées. Un manteau-pièce montée de Teddy Bears côtoie une robe du soir « Je monte à Paris » où les rails serpentent des pieds jusqu’à l’épaule gauche. Les héros de cartoon, de Bugs Bunny à Hello Kitty en passant par Mickey, Minnie et compagnie, s’affichent sur les pulls, robes et pantalons. Un manteau « 15 poches » fait écho à une robe entièrement constituée de carrés Hermès.

Détournements, agrégations, assemblages et dérision… « L’histoire, l’art, les accidents quotidiens, l’humour – cet incroyable camouflage – sont la base de mon travail », explique Jean-Charles de Castelbajac, qui avoue même de la « folie et un peu de mégalomanie aussi ».

Florence Le Méhauté

 « Gallierock ». Jusqu’au 29 juillet au musée Galliera. 10, avenue Pierre 1er de Serbie. Paris, XVIe. 01.56.52.86.00. www.galliera.paris.fr 

Légendes : 

1- Rubik’s cube géant, créé par Jean-Charles de Castelbajac pour la FIAC 2006. © Christophe Fouin

2- Robe « Coco Chanel » en soie peinte par Eliakim© Stéphane Piera / Roger-Viollet

3- Tunique en soie peinte « Les Mots »© Stéphane Piera / Roger-Viollet

4et 5 – Grande salle présentant 40 ans de créations JCDC. © Christophe Fouin

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