Viviane-Sassen Art & Fashion 1990-2023
Sur deux étages Viviane Sassen déploie 30 ans de photos de mode et d’art pour une première grande rétrospective, PHOSPHOR. Plus de 200 œuvres issues d’une dizaine de séries, d’archives, d’œuvres inédites et d’installations vidéos.
Les idées jaillissent avec des photos de mode et d’art qui évoluent en animation et en musique. La lumière caresse les corps en mouvement, les ombres se font dramatiques ou joyeuses. Des photos de mode et d’art oscillant entre force et délicatesse. Viviane Sassen, photographe et artiste multidisciplinaire, nous met en scène la vie, la beauté, la maladie et la mort avec beaucoup de sensualité, explorant les textures, le graphisme, et les installations immersives.
Si elle utilise le collage, la peinture, elle se plaît à sortir les images de mode de leur contexte habituel, les accrochant au mur comme des œuvres d’art.
Parmi ses installations, on trouve « Totem », une installation vidéo invitant le spectateur à s’immerger dans des images en mouvement, où son ombre interagit avec la série « Umbra » de 2014. Une autre œuvre notable est « Vénus & Mercury », issue de l’exposition collective au Trianon du Château de Versailles. Durant six mois, l’artiste s’est plongée dans ce décor fantastique, explorant des thématiques telles que l’érotisme, les jeux de pouvoir, la maladie et la mort. « Vénus & Mercury » s’inspire du dicton « Une nuit avec Vénus, une vie avec Mercure », évoquant le mercure utilisé pour soigner la syphilis, un fléau de l’époque.
Viviane Sassen, fascinée dès sa jeunesse par les photos de mode découvertes dans les livres et les vieux magazines de mode de sa mère, rêvait initialement de devenir designer de mode. Cependant, son parcours aux Beaux-Arts, axé sur la mode, la photographie et l’art, l’a conduite à intégrer ces trois disciplines dans son travail. Elle considère la photographie comme un portail vers ses rêves et un reflet de soi-même.
L’Afrique, sa colonne vertébrale
Si elle a grandi au Pays Bas, elle a vécu au Kenya de 2 à 5 ans, une période qui a profondément marqué son univers. Son regard sur l’Afrique, limité à des documentaires, change quand elle y retourne à l’âge de 20 ans. Elle y découvre la lumière franche du midi kényan, les ombres rares, et les couleurs vives et légères qui font sa signature. Elle a évolué vers une vision surréaliste à travers des séries telles que « Flamboya » et « Parasomnia ».
Le corps occupe une place centrale dans son travail, explorant les déformations corporelles avec une sensibilité particulière. C’est dès la tendre enfance, qu’elle se familiarise avec les corps démembrés puisque dans le village kényan où son père médecin officiait, ses copains de jeux avaient souvent perdu un membre.
Ayant expérimenté le mannequinat, elle cherchait à se libérer du regard sexuel masculin, utilisant des autoportraits pour explorer d’autres expressions et reprendre le pouvoir sur son propre corps.
L’ombre, omniprésente dans ses photos, n’est pas simplement esthétique, mais porte une signification, une présence, un graphisme. Viviane Sassen étudie l’expression de l’ombre dans l’histoire de l’art, la psychologie, les trous noirs en astronomie, ainsi que ses propres ombres, trouvant une connexion avec la peur de la mort qui remonte à sa plus tendre enfance et qu’elle doit affronter et dompter à 20 ans lorsque son père se suicide.
La mode reste une grande source d’inspiration pour Viviane Sassen, servant à promouvoir son travail à l’échelle mondiale. Son imagination est stimulée par des livres, des voyages, et elle navigue entre le conscient, le subconscient et l’inconscient, gardant une sensibilité tout au long de son processus créatif, basé sur l’improvisation guidée par la sensibilité.
Cette première rétrospective, intitulée « Phosphor » en raison de sa capacité à irradier la lumière, est une exposition à ne pas manquer, à voir avant le 12 février. Une chance rare d’apprécier le souffle que cette artiste majeure insuffle au monde de la mode et de l’art.
