ORLAN, ose ce que l’on n’a jamais fait.


ORLAN s’expose sur tout un étage de la MEP.

Tiens ! Et si on commençait par une vidéo ! L’artiste explique le cheminement de sa pensée sur son corps, son support artistique. Une véritable fête dans le bloc opératoire. Orlan reste éveillée et lit un texte pendant que la caméra tourne. Mais au moment où le chirurgien prend le bistouri, toute la salle s’en va effrayée !…

Dur démarrage !… Et pourtant,  ORLAN ne subit pas les interventions chirurgicales pour se faire réparer, elle les désire, c’est son œuvre. Le bloc opératoire est un atelier d’artiste, la chirurgie esthétique son pinceau. Des textes d’Artaud, Lacan, Eugénie Lemoine-Luccioni, Julia Kristeva, Michel Serres, l’accompagneront sur 9 opérations qu’elle fera entre 1990 et 1993.

Elle définit le manifeste de « l’Art Charnel » qui oscille entre défiguration et refiguration. « Un travail d’autoportrait classique, mais avec des moyens technologiques d’aujourd’hui. Qui s’inscrit dans la chair car notre époque commence à en donner la possibilité. Le corps s’inscrit dans un ready–made modifié car il n’est plus ce ready-made idéal qu’il suffit de signer. »

Les grands tirages de couleur ou noir et blanc sont le témoin des expériences chirurgicales mais surtout des nouvelles technologies numériques qui ont permis à l’artiste de muter en précolombienne  (1998) puis en africaine (2000/2003), étonnant de beauté.

Bien moins dangereuse que la chirurgie esthétique, la création numérique 3D est particulièrement incroyable. ORLAN se meut, sans peau dans «  La liberté en écorchée » 2013

La deuxième partie de l’expo, les débuts d’ORLAN dans les années 60. « ORLAN s’écrit en capitales. « ORLAN est un nom de guerre. » dit l’artiste dont l’œuvre entière est un manifeste et qui s’est fait connaître par des performances et des images qui sont un chant de révolte. ORLAN parle en capitales sur des sujets capitaux. Ceci est mon corps, ceci est mon art : tel est le projet d’ORLAN qui considère son corps comme une image en devenir. … L’œuvre ORLAN nous pose deux questions fondamentales. Qu’est ce qu’être femme ? Qu’est-ce qu’être Artiste ? A la première elle répond que la femme doit faire qu’un avec son corps. A la deuxième elle répond qu’être artiste c’est faire corps avec son art…. » Jérôme Neutres commissaire d’exposition.

A travers les photographies, on découvre une très belle brune qui met en scène le sexisme,  bouscule les tabous sur la représentation du corps de la femme. Masquée, l’artiste se moque du monde à quatre pattes (1965) ou pose en odalisque d’Ingres (1977) ou en Vénus sans coquille.

Sa voix résonne comme dans une foire « 5 franc, 5 franc pour un baiser de l’artiste, un vrai baiser de l’artiste, un vrai de vrai… » « Le Baiser de l’Artiste » exposé pendant la FIAC de 1977 et considéré comme l’œuvre la moins chère cette année là, a ouvert le champ de l’esthétique relationnelle en y faisant participer un large public.  A gauche de l’installation, Sainte ORLAN, à droite ORLAN Corps avec son buste en guise de caisse.

De l’amusement toujours avec un jeu de quilles et ORLAN comme cible.

ORLAN inspire le dégoût, ORLAN inspire le respect.

Une artiste majeure à découvrir.

Mfb

Exposition Maison Européenne de la photographie 5/7 rue de Fourcy du 20 Avril au 18 Juin 2017. En parallèle exposition à la galerie Michel Rein à partir du 20 Mai 2017.

Expos