Nan Kempner – Yves Saint Laurent

 

La belle et le pygmalion

« Nan Kempner fut fidèle à Saint Laurent comme l’est une femme à son amant », résume Pierre Bergé. Elle l’aimait passionnément, mais n’entretenait pas avec lui une relation exclusive, comme le suggère l’incroyable étendue de sa garde-robe. Sur un millier de tenues haute couture, 376 sont siglées YSL. Mais, entre le couturier français et l’une de ses plus ferventes clientes s’est nouée une relation privilégiée, faite d’inspiration et d’admiration sans doute réciproque. De 1964 à 2002, Nan Kempner a assisté à tous les défilés de Saint Laurent, à l’exception d’un seul, achetant chaque année, parfois jusqu’à dix modèles.

Fille unique d’une famille aisée de San Francisco, mariée à un homme d’affaires fortuné, Nan Kempner avait un instinct infaillible pour piocher dans les collections d’Yves Saint Laurent les vêtements les plus emblématiques. En témoignent les 77 modèles exposés à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, légués par le mari de Nan, décédée en juillet 2005 à l’âge de 75 ans. 

Fourreau noir à plumes d’autruche, imposant domino d’un vif jaune ensoleillé, manteau en velours gaufré garni de  plumes de coq, ensemble robe-voile-ceinture mariant tout en transparence des nuances de vert a priori aussi éloignées que le lichen, le neptune et le bouteille, longue jupe patchwork aux motifs et couleurs acidulés…

Le classique chic se dispute à l’extravagance de bon ton. Grande et mince, la diva de la mode a toujours gardé la taille d’une mannequin et l’audace d’une rebelle. N’hésitant pas à tomber le pantalon de son premier tailleur YSL, à la fin des années 60, pour pouvoir rentrer au restaurant « La côte basque » à New York.

Pour Yves Saint Laurent, elle reste celle qui a probablement « le mieux porté mes vêtements, avec laquelle j’ai eu la plus grande et la plus longue complicité ». Nan appréciait son côté « visionnaire ».

En 1999, lors de la remise de l’American Fashion Award au grand couturier, elle avait rendu hommage à ses créations, « qui n’éclipsent personne. C’est agréable d’être remarquée pour soi, pas pour les vêtements que l’on porte. En Saint Laurent, on ne se sent jamais « clinquante ». 

Florence Le Méhauté 

« Nan Kempner – Une Américaine à Paris. »Jusqu’au 29 juillet à la Fondation Pierre Bergé –

Yves Saint-Laurent. 5, avenue Marceau. Paris, XVIe. 01.44.31.64.31. www.fondation-pb-ysl.net 

Légendes photos  

1 – Paris, 1975. Final défilé Yves Saint Laurent.

2 – Paris, 1982, au Lido pour les 20 ans de la maison Yves Saint Laurent.

3 – A gauche : caban de jersey beige sur jumpsuit de jersey gris fer (1968). A droite : jumpsuit de jersey prune (1969). © Olivier Pacteau

4 – A gauche : robe de crêpe noir et blanc (1969). A droite : ensemble-pantalon de crêpe-satin noir (1968). © Olivier Pacteau

5 – Tailleur-pantalon de pied de poule marron (2001). © Olivier Pacteau6 –

6-7 P.Sitt

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