Jeanne Lanvin au Palais Galliera

C’est en 1980, trente quatre ans après la disparition de Jeanne Lanvin, que plus de 500 robes ainsi que des albums sont exhumés des malles secrètes, nichées dans le grenier de la grande maison de couture. Une centaine de modèles qu’Olivier Saillard et Alber Elbaz ont choisit de nous montrer pour cette première exposition à Paris.

Epoustouflant. Des robes sur mannequin ou couchées dans des sortes de flipper miroir, des jeux de glaces dans tous les sens, le Palais Galliera brille de mille feux. Une scénographie réalisée par Laurence Le Bris qui sublime la création, les matières légères, le savoir-faire des ateliers.

Un hommage à cette grande couturière qui a traversé avec brio les métamorphoses du corps féminin des années 1900 à 1945 et qui augure les années New Look. Christian Dior écrira plus tard avec nostalgie « Quand au nom de Lanvin, il était lié, pour moi au souvenir des jeunes filles au robes de style, avec lesquelles j’avais dansé mes premiers fox-trots, charlestons et shimmys. Dans les bals, elles étaient toujours les mieux habillées »

L’histoire de Jeanne Lanvin est aussi indirectement liée à celle de Victor Hugo. Jacques Lanvin son grand père qui vivait de tâches domestiques avait le même âge que ce dernier. Il lui aurait permis de s’échapper en Belgique en lui prêtant son passeport quand il était traqué par la police impériale lors du coup d’état du 11 décembre 1851, pour ses opinions farouchement opposées à la montée du futur Napoléon III. La fille adoptive de Jacques, Blanche, tante de Jeanne Lanvin aurait été la dernière maitresse de l’écrivain. Celui-ci soutiendra aussi son père malgré son inaptitude à honorer ses emplois. Un père instable et une mère couturière, une vie de famille matériellement très difficile pour cette ainée de 10 enfants, qui travaille déjà à l’adolescence dans des ateliers de couture.

Une vie qui va l’amener à s’entourer de luxe. Elle commence à ouvrir son premier atelier de chapeaux à 18 ans, s’installe à 22 ans rue Boissy d’Anglas puis Faubourg St Honoré. Jeanne s’inspire de sa fille adorée et crée en 1908 une ligne de vêtement enfant, un an plus tard une ligne jeune fille et  femme, la femme d’affaires est lancée et ouvre les départements mariée, lingerie, fourrure, la décoration, le sport puis l’homme. Pour fêter les 30 ans de sa fille elle compose un de ses plus beaux parfums, Arpège dont le logo « mère fille » reste aujourd’hui l’emblème de la marque.

Une exposition qui nous révèle le doigté, l’esprit affûté de cette grande chercheuse et esthète, qui continue d’alimenter le travail de son successeur, Alber Elbaz. Un pari réussi pour ce dernier dont le souhait était d’entendre les visiteurs dire « I love Jeanne Lanvin »

Mfb

Exposition Palais Galliera 8 Mars-23Aout 2015

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