Elle a inspiré tous nos contemporains, elle a été aussi très innovante dans l’organisation sociale de sa maison ; ses employés avaient cantine, médecins et crèche sur place. Aujourd’hui le musée des Arts décoratifs lui fait un très bel hommage en lui consacrant deux étages d’exposition parfaitement maîtrisés et scénographiés par André Putman puriste elle aussi, mais dans l’architecture intérieure.
Ses premiers pas, Madeleine les fait à Londres chez Kate Reily comme lingère pendant cinq ans où elle habillera les gens de la haute société. De retour à Paris, elle est engagée chez les sœurs Callot et avoue y avoir fait ses premières créations « …sans elles j’aurai continué à faire des Ford, ce sont elles qui m’ont permis de créer des Rolls… » . Recrutée ensuite chez Jacques Doucet, elle fait défiler les mannequins pieds nus, les libère de leur corset pour des tenues souples. Un peu trop avant-gardiste pour la marque, elle décide à l’age de 36 ans de monter sa propre maison en 1912. Dans un bouillonnement de recherche, Madeleine Vionnet va en 27 ans d’activité trouver les bases fondamentales de la coupe contemporaine. Fascinée par la Grèce antique, elle réinvente le drapé libre en réduisant les coutures et les attaches. Elle découvre la coupe en biais qui donne plus de souplesse au corps. Elle modifie la conception traditionnelle du vêtement, s’amuse à couper dans des ronds, des carrés…elle explore tout dans la forme.
Ce qu’elle pense de la création : « Chaque jour, je m’installais dans mon atelier devant mon petit mannequin de bois qui m’a suivit toute ma vie et là, je drapais, j’harmonisais, je faisais et défaisais jusqu’à ce que j’en sois satisfaite…Quiconque crée doit peiner et souffrir »
De la copie au sein de l’industrie de la mode : « Celui ou celle qui se procure de vrais modèles dans le but de s’enrichir sans se donner la moindre peine est un voleur »
De la mode : « Il n’y a pas de mode et j’ai pour ma part horreur de la mode ! on trouve tous les styles chez moi…Il ne reste qu’à savoir choisir : tout dépend de l’esthétique particulière de chacune… L’art de s’habiller demande du temps et de la patience »
Du mariage : « Je suis née indépendante, je n’ai jamais pu appartenir à personne, même pas à un mari. J’ai été mariée deux fois et n’ai pas pu supporter ça. Madeleine Vionnet c’est mon nom de jeune fille. J’ai toujours voulu garder mon nom »
Avoir 98 ans : « Je suis née énergétique et je me garde énergétique. J’ai conservé ma tête et c’est ma tête qui commande. Je ne suis ramollie d’aucune façon. J’ai ma lucidité complète, je dirais même perfectionnée…par l’âge, l’expérience, par tout ce que le temps ajoute. »
Mfb
Les Arts Décoratifs Exposition du 24 Juin 2009 au 31 Janvier 2010
www.lesartsdecoratifs.fr
