Palais Galliera Backside Le dos à la mode
Alexandre Samson, conservateur au Palais Galliera, signe sa deuxième exposition majeure. La première Margiela/ Galliera en 2018 et cette dernière au musée Bourdelle. Son mentor ? Le renommé Olivier Saillard.
L’histoire du dos commence par une contrainte pour les femmes. Au XVe siècle, elles portaient toutes des vêtements qui ne se fermaient que dans le dos. Ce qui les soumettait à une aide extérieure pour se déshabiller. Et cela dans toutes les couches sociales.
Les seuls hommes qui ont porté le vêtement boutonné dans le dos sont les St Simoniens au XVIIIe siècle. Ce rite leur permettait de renforcer leur lien d’unité. Tous les matins un frère boutonnait le gilet d’égalité de l’autre.
Ce boutonnage contraignant dans le dos est aussi montré dans l’exposition avec des camisoles de force. Un vêtement médical du début du XXe siècle, qui s’avère aujourd’hui d’une grande violence.
Le dos nu est attribué en 1910 à la mondaine new-yorkaise, Rita de Acosta Lydig. Qui faisait réaliser ses propres dessins par des couturiers parisiens. Principalement les sœurs Callot. Lors d’un entracte au Metropolitan Opéra, tandis que la lumière éclaire la salle, Rita qui porte une robe du soir avec un dos nu jusqu’à la taille, se tourne dans sa loge, dos au public. Stupeur, ravissement ou scandale, elle fera la Une des journaux le lendemain.
Il faudra attendre les années 1920 pour voir les femmes porter couramment le dos nu. Les années 1930 plus austères, cultivent cependant la sévérité du devant très couvert et l’érotisme dans le dos nu, porté sous une veste ou un manteau.
Le dos provocateur remonte en 1957. Avec Vikki Dougan, pin-up américaine surnommé « The Back ». En France c’est en 1972 que Mireille Darc marquera la mémoire collective dans Le Grand Blond avec une chaussure noire. C’est Guy Laroche qui signe cette robe mythique, aujourd’hui dans un écrin noir, sous verre, que l’on peut admirer dans l’exposition.
Pour le dos informatif, c’est à Athènes en 1896 que l’on fait porter aux sportifs un dossard pour les identifier. Depuis, le dos est aussi devenu un moyen d’afficher des idées.
Comme il est très travaillé par les couturiers et créateurs parce que, oui, nous avons un devant et un dos.
Une réalité que le monde de l’image a oubliée dans la mode. Un mur de photos de défilés sont placardés sur un mur, titré « Le dos Absent ».
Le conservateur déplore que les collections ne soient diffusées que sur la partie de devant dans les médias. Les défilés avec une seule vision, celle de face.
Une très belle exposition qui remonte au XVIIIe siècle, avec tous les acteurs contemporains de la mode.
Et qui nous révèle que le dos cette partie du corps que l’on ne peut pas voir soi-même est un espace érotique, un espace de création et d’expression. Et il renseigne bien sur l’histoire de l’émancipation de la femme.
Mfb
Palais Galliera « Backside Le dos à la mode » exposition hors les murs au Musée Bourdelle – 18 rue Antoine Bourdelle – du 5 Juillet au 17 Novembre 2019