SUZANNE VALADON RETROSPECTIVE CENTRE POMPIDOU

Suzanne-Valadon exposition-Beaubourg

Suzanne Valadon est une étoile de l’art contemporain du début du XXe siècle. On la dit autodidacte mais elle a posé pour les plus grands peintres de l’époque. Une formation d’excellence pour cette enfant de Montmartre qui a toujours aimé dessiner.

Sa belle silhouette apparaît dans les œuvres d’artistes renommés dont elle est aussi la maitresse comme Puvis de Chavannes, Renoir, Toulouse-Lautrec.

Fille d’une lingère mariée à un bagnard décédé quelques années avant sa conception, Marie Clémentine Valadon nait en 1865 sans père légitime, dans un village du limousin. Une situation trop difficile à vivre pour sa mère qui part s’installer à Paris. Celle-ci, y exercera le métier de couturière dans le quartier des artistes parisiens, à la Butte Montmartre.

C’est dans cet environnement que Marie Clémentine Valadon grandit, s’essaye comme trapéziste avant qu’une chute la force à arrêter. Elle a 15 ans quand elle cherche à travailler en tant que modèle et c’est supposé au marché aux modèles de Pigalle qu’elle rencontre Pierre Puvis de Chavannes. Elle sera sa muse durant 10 ans. Si elle a contribué à servir de modèle pour les personnages autant féminins que masculins des grandes compositions de Puvis, il ne la soutiendra pas en tant qu’artiste, lorsqu’elle voudra exposer ses dessins au Salon de la SNBA. Ce précurseur du symbolisme, cofondateur de la nouvelle Société Nationale des Beaux-Arts (SNBA) lui aurait rétorqué « Tu es un modèle, pas une artiste »

Les peintres qui ont eu une influence sur elle

Au sommet de la gloire en 1880 Auguste Renoir la rencontre, elle est le modèle parfait dans sa vision de la femme idéalisée, sensuelle et expressive. Parmi les grands tableaux qu’il réalisera avec elle, figurent, « Danse à Bougival » (1883) « Baigneuse blonde » (1885). Une période très formatrice pour celle qui admire le travail sublime du peintre impressionniste. Il sait capturer la sensualité des corps tout en rendant les textures vivantes. Plus tard, elle se défendra de ne pas avoir la même approche. Quand Renoir aspirait à préserver l’idéalisation, Valadon peint une sensualité ancrée dans le réel .

Sa liaison avec Toulouse-Lautrec commence en 1884 lorsqu’il s’installe dans un atelier rue Tourlaque là où elle habite avec sa mère. La relation passionnelle et volcanique qu’ils vont vivre sera néanmoins très positive pour Marie Clémentine Valadon qui devient Suzanne Valadon. C’est inspiré par le personnage de la bible, qu’il lui suggère ce prénom d’artiste « Toi qui poses nue pour des vieillards, tu devrais t’appeler Suzanne »

Degas sera le premier artiste à la reconnaître sans concession.

Elle a 29 ans quand il voit ses dessins et s’exclame « Vous êtes des nôtres » Dès lors, il ne cessera de la motiver à dessiner et à graver, il deviendra son premier client.

Avec Matisse ils entretiendront des correspondances stylistiques, particulièrement sur le nu. Quand entre 1921 et 1925 il fait une série d’odalisques sur des décors épurés, Suzanne utilise des couleurs contrastées en se servant de tissus qui font écho au travail de Matisse.

Son fils, le peintre Maurice Utrillo, qu’elle a eu en 1883 ne connait pas non plus son père. Elle le dessine enfant, puis adolescent dans des scènes du quotidien comme le bain. « Utrillo enfant « (1886),  » Utrillo nu assis sur un canapé » (1895) représentent des scènes du quotidien. Suzanne Valadon est la première femme à avoir peint la nudité de l’homme. « Utter nu » vers 1909 est le jeune peintre André Utter, qui deviendra son mari.

Parmi les deux cents œuvres exposées

Le plus ancien des tableaux à l’huile qui soit parvenu au musée serait « Jeune fille faisant du crochet » (1892). Le thème de la couture lui est familier, sa mère étant couturière et elle-même, encouragée par cette dernière, en a aussi fait dans une maison de Haute Couture.

Le geste de la coiffure est aussi récurrent chez Suzanne Valadon – « Gilberte nue se coiffant » (1920). Sa vision est photographique, réaliste, comme si le peintre n’était pas là.

« La poupée délaissée » (1921) est un retour à son travail huit ans auparavant avec « Marie Coca et sa fille » (1913) où la poupée avait une place centrale posée sur les genoux d’une enfant. Elle est cette fois-ci jetée au sol par l’adolescente qui est toilettée par sa mère, mais qui se détourne de ce jouet d’enfance pour regarder à travers le miroir ce nouveau corps de femme qui l’amène vers la vie de la jeunesse.

Suzanne Valadon est un personnage d’exception qui non seulement vit dans les œuvres des peintres majeurs de l’époque mais, est aussi une artiste contemporaine qui a un rôle précurseur dans la naissance de la modernité artistique. Avec une palette de couleurs fortes, Suzanne peint la réalité sans voyeurisme.

Suzanne-Valadon exposition-Beaubourg du 15 Janvier au 26 Mai 2025 au Centre Pompidou

 

 

 

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